Dans l'épaisseur d'une carte postale
Chaque semaine, Entre-Temps accompagne la diffusion du dernier numéro de « Faire l'histoire », le nouveau magazine d'Arte qui raconte l'histoire à partir des objets. L'historien·ne présent·e à l'écran exhume un article, des images, une vidéo pour prolonger l'épisode, plus loin, ou ailleurs. Cette semaine, en écho aux cartes postales de la Première Guerre mondiale sur lesquelles travaille Clémentine Vidal-Naquet, l'une des pièces de notre dossier fictif sur l'espion Peter K dévoile une autre fonction de la carte postale...
C’est avec la Première Guerre mondiale que l’usage de la carte postale s’impose. Il en est alors envoyées plus de 4 milliards. Elles portent la trace de l’absence et de l’inquiétude mais sont aussi un vecteur d’euphémismes sur la situation au front et de déni face à la mort.
À l’écran cette semaine sur Arte, l’historienne Clémentine Vidal-Naquet analyse la manière dont l’expérience de la guerre se déforme au prisme de ce petit bout de carton chargé d’images irréelles et de sentiments simples.
Nous proposions sur Entre-Temps, l’année dernière, un jeu d’écriture biographique participative sur le parcours de Peter K, espion entre la RDA et la France au milieu du XXe siècle. Sur ce personnage énigmatique, le but du jeu était de constituer un dossier documentaire, un carton d’archives fictives. L’historien des images Bertrand Tillier avait alors fait d’une carte postale la première pièce de l’enquête.
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Courriel de L. à P., en date du 10 mai 2020, 10h37
Cher,
Tu ne devineras jamais ce qu’à la faveur du confinement je viens de découvrir dans les archives de l’éditeur de cartes postales, que je viens d’ordonner et de lire plus attentivement que je n’avais pu le faire jusque-là. Tu te souviens que je les avais acquises chez un brocanteur qui les avait lui-même récupérées en toute discrétion, m’avait-il dit, dans les bennes d’une déchetterie où tout avait été déversé à la hâte, en cartons éventrés, sans doute suite à la liquidation de l’entreprise. Après deux mois passés dans ces papiers où tout tourne autour de la carte postale, je mesure combien cet objet est devenu désuet. Désormais, on s’envoie de moins en moins de cartes postales, ou alors de manière numérique et dématérialisée, et il faut se rendre à l’évidence : les selfies l’ont emporté, qui sont des représentations narcissiques in situ.
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