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Biopolitique du stérilet

Chaque semaine, Entre-Temps accompagne la diffusion du dernier numéro de « Faire l'histoire », le nouveau magazine d'Arte qui raconte l'histoire à partir des objets. L'historien·ne présent·e à l'écran exhume un article, des images, une vidéo pour prolonger l'épisode, plus loin, ou ailleurs. Pour le tout premier volet consacré au stérilet, Bibia Pavard invite à la lecture d'un article de la chercheuse américaine Chikako Takeshita et intitulé « Biopolitique du stérilet ».

Chikako Takeshita est une chercheuse américaine, Associate Professor à l’Université de Californie Riverside. Ses travaux se situent à la croisée des études en sciences et techniques et des études sur le genre et les sexualités. Elle a réalisé une enquête approfondie sur le stérilet conjuguant socio-histoire des techniques et enquête de terrain sur ses usages dans plusieurs pays du monde. Ses résultats sont rassemblés dans un livre novateur, non traduit en français : The Global Politics of the IUD publié au Presses du MIT en 2011. Dans cet ouvrage, elle montre bien que le stérilet est une « technologie politiquement versatile » qui peut s’adapter à la fois à des approches féministes et anti-féministes de la reproduction. L’article qui suit permet à un public francophone de se familiariser avec ses recherches.

Les désirs des femmes en matière de contraception et de maternité varient considérablement en fonction des normes sociales, des croyances culturelles et des situations personnelles, notamment du statut socio-économique, de la structure familiale et de l’état de santé individuel. La capacité des femmes pauvres des pays du Sud à prendre leurs propres décisions en matière de reproduction est en général très limitée en raison des difficultés qu’elles ont à se procurer des moyens de contraception, de l’absence de soins médicaux adaptés et, par-dessus tout, à cause de l’oppression croisée, dans une perspective intersectionnelle, qu’elles subissent en tant que femmes de classes inférieures dans des sociétés patriarcales. En se fondant sur des études ethnographiques d’utilisatrices du stérilet. Le stérilet est aussi appelé, plus techniquement, dispositif… en Chine, au Vietnam, en Indonésie, au Bangladesh, au Tadjikistan, en Ouzbékistan et au Nigeria, cet article s’intéresse aux multiples façons dont les femmes acquièrent une capacité d’agir en matière reproductive, en adoptant ce dispositif contraceptif ou au contraire en le refusant. Il montre ainsi comment elles réussissent à atténuer les politiques antinatalistes officielles, à se soustraire aux demandes de leur mari, et à négocier avec les personnels de santé afin de protéger leur propre santé et de réguler leurs grossesses à leur convenance.

Si le stérilet a parfois souffert d’une mauvaise réputation après les programmes coercitifs de pose menés sur des femmes marginalisées non consentantes et les ennuis de santé endurés par certaines utilisatrices, les exemples cités dans cet article montrent que ce dispositif contraceptif peut aussi devenir un allié pour celles qui cherchent à maîtriser leur reproduction. La durée d’efficacité du stérilet, le fait que sa pose soit contrôlée par un tiers et qu’il soit aisément réversible, tout comme sa discrétion, lui ont permis d’aider des femmes ayant des stratégies reproductives variées. Cet article démontre l’adaptabilité du stérilet dans le combat des femmes pour atteindre leurs propres objectifs reproductifs. […]

Lire la suite de l’article dans la revue « Travail, genre et sociétés ».

Découvrir aussi « Pourquoi faire l’histoire du stérilet ? », l’entretien donné par Bibia Pavard au magazine L’Histoire.

Publié le 13 avril 2021
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