Exhumer

L’ostracisme en image

Chaque semaine, Entre-Temps accompagne la diffusion du dernier numéro de « Faire l'histoire », le nouveau magazine d'Arte qui raconte l'histoire à partir des objets. L'historien·ne présent·e à l'écran exhume un article, des images, une vidéo pour prolonger l'épisode, plus loin, ou ailleurs. Pour le onzième volet, consacré à l'ostrakon, Paulin Ismard invite à lire un article de Jean-Noël Allard, qui interroge la signification des dessins gravés sur les ostraka athéniens utilisés dans le cadre de la procédure de l'ostracisme.

Certains tessons de poterie qui furent utilisés dans le cadre de la procédure athénienne de l’ostracisme sont gravés d’un dessin, de facture médiocre, qui représente un animal et/ou une figure humaine. La présence de ces dessins surprend dans la mesure où la procédure n’exigeait rien de plus que d’apposer le nom du citoyen à ostraciser. Ces images étaient pourtant loin d’être ornementales : leur analyse montre qu’elles servaient à rendre compte des vices de caractère, des inconduites voire des postures idéologiques inadmissibles de l’individu pris pour cible. En somme, donc, elles dispensaient un discours qui visait à justifier, du moins à expliquer, le vote.

L’ostracisme en image
Les graffitis sur les ostraka athéniens

Dans le cadre de l’instauration du régime isonomique clisthénien fut mise en place, peut-être dès 508-507 avant J.-C., une procédure par laquelle les Athéniens pouvaient éloigner de la cité, dix ans durant, l’un de leurs concitoyens. Cette procédure dite d’ostracisme était mise en œuvre à la suite d’un vote de l’Assemblée des citoyens qui n‘avait lieu qu’une fois par an. Si le peuple votait en faveur d’un ostracisme, la désignation du citoyen ostracisé se déroulait quelques mois plus tard sur l’agora. Chaque participant signifiait alors son choix en inscrivant le nom du citoyen qu’il désirait voir quitter la cité sur un tesson de poterie, un ostrakon. Il est probable qu’à cette occasion l’agora ait été fermée par des clôtures de bois : chaque citoyen empruntait, en fonction de sa tribu, l’une des dix entrées installées pour l’occasion et, le vote accompli, demeurait un temps à l’intérieur des clôtures afin qu’il ne votât pas une seconde fois.

Lire la suite de l’article dans la revue « Images re-vues. Histoire, anthropologie et théorie de l’art »

 

Publié le 22 juin 2021
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