Exhumer

Les poches des cadavres

Chaque semaine, Entre-Temps accompagne la diffusion du dernier numéro de « Faire l'histoire », le nouveau magazine d'Arte qui raconte l'histoire à partir des objets. L'historien·ne présent·e à l'écran exhume un article, des images, une vidéo pour prolonger l'épisode, plus loin, ou ailleurs. Aujourd'hui, Ariane Fennetaux prolonge son histoire de la poche en nous invitant à lire un article de Françoise Bayard sur les poches des cadavres, paru en 1989.

Dans ce nouveau numéro de « Faire l’histoire » : un accessoire aujourd’hui disparu, la « poche de ceinture » qui permet de raconter l’histoire des femmes et de leur émancipation matérielle.

L’historienne de la culture matérielle au XVIIIe siècle, Ariane Fennetaux exhume cet objet disparu qui n’est ni tout à fait l’ancêtre des bandoulières ventrales que sont les « bananes », ni l’origine du sac à main. L’histoire de ce contenant permet de raconter celle de l’autonomie matérielle des femmes à travers différentes classes sociales. Quand un élément vestimentaire raconte tout sauf l’histoire de la mode…

Pour prolonger cette histoire, Ariane Fennetaux nous invite à lire un article de Françoise Bayard paru en 1989 dans le Bulletin du centre Pierre Léon d’histoire économique et sociale de la région lyonnaise 2, intitulé « Au cœur de l’intime: les poches des cadavres. Lyon, Lyonnais, Beaujolais (XVIIe-XVIIIe siècles)».

« Les causes premières et la nature intime des êtres nous seront éternellement inconnues » disait Pierre-Simon Laplace au Chapitre II du Livre I de l’Exposition du système du monde. Que penser alors de la volonté de connaître « ce qui est le plus au dedans et le plus essentiel » des hommes et des femmes du passé ? Pourtant, le thème de l’intime n’est pas nouveau. Les historiens ont sondé le cœur, l’esprit et les croyances des hommes et des femmes de l’époque moderne en scrutant leurs écrits, leurs testaments, leurs ex-votos, leurs pratiques religieuses. Plus récemment, Daniel Roche l’a cerné dans les modes d’habitation, d’habillement, de consommation et les manières de vivre et Annick Pardailhé-Galabrun a affirmé en voir la naissance dans 3000 foyers parisiens du XVIIIe siècle connus par l’intermédiaire des inventaires après décès.

Ce travail se place dans cette optique mais il est autre. Au lieu de mesurer l’intime par les lieux et les décors dans lesquels vivent les hommes et les femmes, il tente de le retrouver sur leurs corps, de savoir quels objets nécessaires, indispensables ou superflus on ne pouvait laisser dans sa maison quand on la quittait ou se passer se ramasser quand l’occasion les mettait sur son chemin. Aux inventaires figés se substituent des choix de choses dont on postule a priori qu’ils sont signifiants, porteurs d’informations variées sur l’individu qui les opère.

 

Continuer la lecture de l’article dans une version numérique du Bulletin du centre Pierre Léon d’histoire économique et sociale de la région lyonnaise 2.

Découvrir aussi « Pourquoi faire l’histoire de la poche ? », l’entretien donné par Arianne Fennetaux au magazine L’Histoire.

Publié le 22 mars 2022
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