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Le tirage au sort dans la République de Venise

Chaque semaine, Entre-Temps accompagne la diffusion du dernier numéro de « Faire l'histoire », le nouveau magazine d'Arte qui raconte l'histoire à partir des objets. L'historien·ne présent·e à l'écran exhume un article, des images, une vidéo pour prolonger l'épisode, plus loin, ou ailleurs. Pour le dixième volet, consacré à la boule de loto, Claire Judde de Larivière invite à la lecture d'un article qui revient sur le rôle essentiel du tirage au sort dans les pratiques politiques vénitiennes du Moyen Âge et de la Renaissance.

L’étude des jeux de hasard révèle bien des choses de la culture politique des républiques italiennes du Moyen Âge et de la Renaissance. Le loto permet donc d’interroger un des fondements politiques et idéologiques de ces républiques, et en particulier de celle de Venise : la collégialité du pouvoir et la nécessaire équité entre les candidats à une fonction.

Venise occupe ainsi une place privilégiée dans l’histoire du tirage au sort et de ses usages politiques, en raison de la procédure utilisée pour l’élection du doge. Mais au-delà de cet usage célèbre, le tirage au sort était une pratique courante dans la société et les institutions vénitiennes. Cet article envisage les différents domaines dans lesquels le tirage au sort était employé, en se concentrant sur les manières de faire, de façon à montrer ce que l’ubiquité du tirage au sort révélait de l’idéal politique vénitien qui reposait sur les principes de justice, d’égalité et de distribution des ressources et du pouvoir.

Élection ducale, usages institutionnels et pratiques populaires : le tirage au sort dans la République de Venise

La République de Venise occupe une place privilégiée dans l’histoire des usages politiques du tirage au sort. L’élection du doge, qui dirigeait à vie les institutions de la ville, reposait sur une procédure combinant vote et tirage au sort, censée empêcher la corruption électorale ainsi que l’influence des fac-
tions. La complexité du déroulement de l’élection a depuis longtemps suscité commentaires et interprétations, et a fait de Venise l’un des régimes politiques emblématiques dans les études sur la procédure de tirage au sort avant la « modernité » politique. L’élection ducale ne doit pas pour autant faire ignorer l’importance de la diffusion du tirage au sort dans la société et les institutions vénitiennes. Du choix des électeurs à l’entrée anticipée au Grand Conseil, ou de la désignation des charpentiers pouvant travailler à l’Arsenal à la sélection des paroisses participant à l’organisation des grands rituels religieux, le tirage au sort était largement diffusé dans la société vénitienne du Moyen Âge à la chute de la République à la fin du XVIIIe siècle. Il s’inscrivait plus généralement dans des pratiques électorales et des usages du vote extrêmement nombreux dans la lagune de Venise.

Lire la suite de l’article dans la revue « Participations »

Découvrir aussi « Pourquoi faire l’histoire de la boule de loto ? », l’entretien donné par Claire Judde de Larivière au magazine L’Histoire.

 

Publié le 15 juin 2021
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