Exhumer

La couleur du foot

Chaque semaine, Entre-Temps accompagne la diffusion du dernier numéro de « Faire l'histoire », le nouveau magazine d'Arte qui raconte l'histoire à partir des objets. L'historien·ne présent·e à l'écran exhume un article, des images, une vidéo pour prolonger l'épisode, plus loin, ou ailleurs. Cette semaine, l'historien Fabien Archambault convoque Michel Pastoureau et son article sur la "couleur du stade" (Vingtième Siècle, 1990).

Le maillot de foot permet d’appréhender l’histoire du football dans la pluralité de ses dimensions, de son rôle social et économique à sa dimension symbolique et à sa place dans les imaginaires sociaux. Le maillot est éminemment connecté à l’héroïsation du joueur de foot qui a réussi à confondre performance physique et réussite économique personnelle, à l’échelle d’une vaste compétition mondiale.

Le maillot est aussi, comme dans toutes les liturgies, un instrument: celui qui préside au culte footballistique, au même titre que le pré carré vert sur lequel se déroule le match. C’est l’objet d’un article que l’historien Michel Pastoureau consacre aux « couleurs du stade » dans la revue Vingtième siècle, en 1990. Fabien Archambault nous invite aujourd’hui à aller y regarder d’un peu plus près.

Il y a d’abord la pelouse, verte d’un vert trop vert pour être tout à fait celui de la nature. Des lignes d’une blancheur virginale en trament les limites et le parcours. Puis il y a les joueurs, qui s’agitent en maillots bariolés autour d’un ballon beige; l’arbitre dans sa tenue noire, qui siffle et gesticule; ses juges de touche, plus noirs encore, qui courent le long du terrain. Au tour de celui-ci, il y a les joueurs remplaçants, les entraîneurs, les soigneurs, les policiers, chacun portant les couleurs de son rang ou de sa fonction. Plus loin, les panneaux publicitaires marquent de touches colorées les enceintes du lieu et forment comme un véritable périmètre polychrome encerclant la pelouse. Enfin, plus loin encore, il y a le public, vociférant dans des tribunes trop grises, soutenant chaque équipe de banderoles et de signaux multicolores, codés comme des armoiries et désordonnés comme les emblèmes d’une émeute.

Toute partie de football est une liturgie collective où les gestes, les couleurs et les sons se répondent.

Lire la suite au sein de la revue Vingtième Siècle.

 

Découvrir aussi « Pourquoi faire l’histoire du maillot de foot ? », l’entretien donné par Fabien Archambault au magazine L’Histoire.

Publié le 30 novembre 2021
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