Le chalet, une architecture de rêve ?
Chaque semaine, Entre-Temps accompagne la diffusion du dernier numéro de « Faire l'histoire », le nouveau magazine d'Arte qui raconte l'histoire à partir des objets. L'historien·ne présent·e à l'écran exhume un article, des images, une vidéo pour prolonger l'épisode, plus loin, ou ailleurs. Cette semaine, Manuel Charpy nous convie à lire l'article que l'historien Michel Vernes a consacré, en 2006, aux multiples déclinaisons architecturales du chalet dans "La revue d'histoire du XIXe siècle".
Le chalet est l’accessoire indispensable des paysages de montagne, il a nourri un puissant imaginaire collectif, celui d’une demeure simple et confortable, se voulant en harmonie avec l’environnement.
Cependant, le chalet est, depuis le XIXe siècle, descendu des hauteurs enneigés pour venir peupler les banlieues des villes et les lotissements balnéaires.
Manuel Charpy, historien des cultures matérielles, propose, dans cet épisode, de montrer en quoi le chalet est devenu le symbole de la standardisation industrielle et de la circulation planétaire des matériaux.
Il nous convie à lire l’article que Michel Vernes a consacré, en 2006, à ces déclinaisons architecturales du chalet dans La revue d’histoire du XIXe siècle. Son article est intitulé « Le chalet infidèle ou les dérives d’une architecture vertueuse et de son paysage de rêve ».
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L’adoption par les jardiniers français du style anglo-chinois entre 1760 et 1770 coïncide avec un désir grandissant de montagne. Au XVIIe siècle, on se satisfaisait de « pourtraits de ville à profils montagneux ». Les lignes déchiquetées de l’horizon étaient inaccessibles mais enveloppantes. La montagne ne servait qu’à orner les fonds de ces portraits de convention. Déserte et anonyme, elle est restée longtemps « dans l’ordre de la nature », une nature indifférenciée et muette. Dans les dernières décennies du XVIIIe siècle, les naturalistes entreprennent d’explorer les Alpes et les géographes de les cartographier. À leur suite, des peintres, dessinateurs et graveurs tels que Jean-Louis Aberli de Winterthur contribuent avec les voyageurs qui relatent leurs ascensions à vulgariser des sites alpins qui ne manqueront pas d’exciter l’imagination des citadins. C’est alors que ces sites vont inspirer les jardiniers-paysagistes qui tenteront de les imiter tout en les restreignant. S’il réprouve leur prétention à façonner des « diminutifs » de montagne, le Prince de Ligne n’en tolère pas moins « les ravins et même les amphithéâtres, quand on ne sait que faire des terres de l’excavation des rivières »[1].
[1] Charles Joseph PRINCE DE LIGNE, Coup d’œil sur Belœil et sur une grande partie des jardins de l’Europe, édition établie par Ernest de GANAY, Paris, Éditions Bossard, 1922, p. 214.
Lire la suite au sein de la Revue d’histoire du XIXe siècle.
Découvrir aussi « Pourquoi faire l’histoire du chalet ? », l’entretien donné par Manuel Charpy au magazine L’Histoire.