La "sexualité de l'écart" du Christ
Chaque semaine, Entre-Temps accompagne la diffusion du dernier numéro de « Faire l'histoire », le nouveau magazine d'Arte qui raconte l'histoire à partir des objets. L'historien·ne présent·e à l'écran exhume un article, des images, une vidéo pour prolonger l'épisode, plus loin, ou ailleurs. Aujourd'hui, Valérie Theis propose de prolonger son histoire du crucifix par la lecture d'un article de Jean-Claude Schmitt et Jérôme Baschet, paru aux Annales en 1991, sur la "sexualité de l'écart" de l'homme-Dieu.
Le crucifix, bien avant d’être un objet protecteur porté par les fidèles, fut au Moyen Âge un lieu de convergence entre un symbole théologique (la croix) et la représentation, de plus en plus réaliste, du corps souffrant du Sauveur. Valérie Theis, historienne du Moyen Âge, raconte, dans ce nouvel épisode de Faire l’histoire, la lente genèse de ce talisman chrétien.
Elle propose, sur Entre-Temps, de prolonger cette histoire par la lecture d’un article de Jean-Claude Schmitt et Jérôme Baschet, paru aux Annales en 1991, sur la « sexualité de l’écart » de l’homme-Dieu.
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Au-delà des réticences à façonner des images en trois dimensions, plus susceptibles que d’autres de donner lieu à des formes d’idolâtrie, l’objet crucifix témoigne également de la difficulté qu’il pouvait y avoir pour les chrétiens du Moyen Âge à représenter la figure du Christ, à la fois parfaitement homme et parfaitement dieu, au moment exact où l’homme mourrait sur la croix. Fallait-il représenter le sacrifice de dieu et la souffrance endurée pour sauver les hommes ou fallait-il annoncer le triomphe de dieu sur la mort et la résurrection en montrant un Christ triomphant ? Dans un article paru dans les Annales en 1991, Jean-Claude Schmitt et Jérôme Baschet posaient d’une autre manière cette question de la double nature du Christ en discutant le livre de Leo Steinberg : La sexualité du Christ dans l’art de la Renaissance et son refoulement moderne, Paris, Gallimard, 1987. Analysant la manière dont les artistes médiévaux représentaient (ou pas) le sexe du Christ dans les scènes de crucifixion, ils y expliquaient comment ceux-ci avaient donné à voir ce que pouvait être la sexualité de l’écart de l’homme-Dieu.
Lire l’article de Jérome Baschet et Jean-Claude Schmitt sur « La « sexualité » du Christ » dans les Annales en 1991 sur Persée.
Découvrir aussi « Pourquoi faire l’histoire du crucifix », l’entretien donné par Valérie Theis au magazine L’Histoire.