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Exhumer

La restitution du canon Baba Merzoug

Chaque semaine, Entre-Temps accompagne la diffusion du dernier numéro de « Faire l'histoire », le nouveau magazine d'Arte qui raconte l'histoire à partir des objets. L'historien·ne présent·e à l'écran exhume un article, des images, une vidéo pour prolonger l'épisode, plus loin, ou ailleurs. Gillian Weiss propose, cette semaine, de prolonger l'histoire du canon Baba Merzoug en nous donnant à lire différents articles de la presse française de 1914. À cette date, la question du rapatriement du canon à Alger fait l'objet de vives discussions, qui se sont prolongées jusqu'à aujourd'hui..

C’est un canon qui est, cette semaine, au cœur du nouvel épisode de Faire l’histoire. Il s’appelle Baba Merzoug en algérien – ou La Consulaire en français –, il protégeait la rade d’Alger depuis le XVIe siècle, et qui fut rapporté en France comme trophée de guerre en 1830.

Aujourd’hui conservé à Brest, sur le parking d’une base militaire, Baba Merzoug fait l’objet, depuis plusieurs décennies, de demandes de restitution. À travers l’itinéraire de ce canon devenu légendaire, Gillian Weiss, spécialiste de la Méditerranée à l’époque moderne, reconstitue quatre siècles d’histoire des relations franco-algériennes.

L’historienne propose, pour Entre-Temps, de prolonger cette histoire en nous donnant à lire différents articles de la presse française de 1914. À cette date, la question du rapatriement du canon à Alger fait l’objet de vives discussions, qui se sont prolongées jusqu’à aujourd’hui..

Le rapport de Benjamin Stora sur la « réconciliation des mémoires » remis au président Emmanuel Macron en janvier 2021, recommande la restitution à Alger du canon que les Français appellent « la Consulaire » et que les Algériens appellent « Baba Merzoug » (« père chanceux » en arabe). Ceci n’est, en fait, pas la première fois que les Français se mobilisent pour son retour à Alger. Légendaire pour avoir protégé la ville à partir du XVIe siècle et pour avoir tué le prêtre-consul français Jean Le Vacher en 1683, le canon fut saisi comme prise de guerre lors la conquête française en 1830, puis transformé en monument à la mission civilisatrice de la France en Afrique et installé à l’arsenal de Brest. Juste avant le déclenchement de la première guerre mondiale, comme on lit dans Le Figaro du 12 avril 1914, « le Comité du Vieil Alger » a dressé une plaque à la mémoire du regretté Le Vacher, pendant que les journalistes, hommes politiques et soldats vétérans en Algérie française militaient pour rapatrier le canon “dans notre capitale nord-africaine.” Les métropolitains, eux, n’étaient pas d’accord. “Les Brestois veulent garder ‘la Consulaire,’” annonçait Le Petit Parisien trois jours après. D’autre journaux – parmi eux, Le Petit Journal, Le Radical, L’Univers et L’Aurore – ont pris la suite…

Découvrir aussi « Pourquoi faire l’histoire du canon Baba Berzoug ? », l’entretien donné par Gillian Weiss au magazine L’Histoire.

Publié le 15 mars 2022
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