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La fatalité du charbon

Chaque semaine, Entre-Temps accompagne la diffusion du dernier numéro de « Faire l'histoire », le nouveau magazine d'Arte qui raconte l'histoire à partir des objets. L'historien·ne présent·e à l'écran exhume un article, des images, une vidéo pour prolonger l'épisode, plus loin, ou ailleurs. Cette semaine, François Jarrige prolonge son histoire du charbon par un article de Charles-François Mathis sur la fatalité du charbon dans la société victorienne.

Dans ce numéro de « Faire l’histoire », François Jarrige, historien de l’industrialisation et de l’environnement montre comment le charbon a fait basculer nos économies dans la modernité au XIXe siècle et a provoqué les premières pollutions atmosphériques.

Symbole de la révolution industrielle de la fin du XVIIIe siècle, l’extraction de la houille commande le roman énergétique de la modernité. En déterminant autant de bassins ouvriers, l’économie charbonnière a aussi déterminé une servitude spatiale : aux terrils des mines font écho les caves à charbon des immeubles urbains du XIXe siècle et tout une circulation de matières qui alimente la pollution atmosphérique.

Pour prolonger cette histoire, François Jarrige nous invite à lire l’article que l’historien Charles-François Mathis a fait paraître, en 2020, au sein de la Revue d’Histoire de l’Énergie, intitulé: « L’impossible transition ? La fatalité du charbon au Royaume-Uni ».

En 1905, un groupe de scientifiques et d’ingénieurs mené par le prix Nobel de chimie Sir William Ramsay fonde la British Science Guild, dans le but de mettre la science à profit pour régler tous les problèmes auxquels l’humanité est confrontée. Les débats nombreux et qui s’intensifient depuis une quarantaine d’années sur les pénuries de charbon menaçant le pays ne pouvaient qu’inciter cette société savante à traiter de cette question : d’où la publication, en 1912, d’un ouvrage collectif faisant le point sur les sources d’énergies naturelles, dans l’idée particulièrement de déterminer si des alternatives au charbon existent. La réponse des experts sollicités est clairement négative. D’après l’auteur du chapitre sur le charbon, la seule voie possible pour le pays est celle d’une économie de cette ressource :

The most hopeful sign of a coming reform in this direction [domestic consumption] is found in the general awakening of the civic conscience on the subject of smoke prevention. It is earnestly to be desired that this awakening may be really permanent, and that the partially successful, or even the entirely unsuccessful, efforts in the direction of reform may not be interpreted by the public in any hopeless spirit.

La crainte qu’il exprime ici d’un découragement ne doit pas étonner : car, en dépit de très nombreuses réflexions dans le dernier tiers du 19e s. sur les alternatives énergétiques, les Britanniques semblent incapables, au tournant du 20e s., d’engager une sortie du charbon, dont ils ne cessent de dénoncer pourtant à la fois les méfaits environnementaux et sanitaires, et la dépendance exclusive dans laquelle il place le pays.

Continuer à lire l’article sur le site de la Revue d’Histoire de l’Énergie

 

Découvrir aussi « Pourquoi faire l’histoire du charbon ? », l’entretien donné par François Jarrige  au magazine L’Histoire.
Publié le 29 mars 2022
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