Batucada et identité carioca
Chaque semaine, Entre-Temps accompagne la diffusion du dernier numéro de « Faire l'histoire », le nouveau magazine d'Arte qui raconte l'histoire à partir des objets. L'historien·ne présent·e à l'écran exhume un article, des images, une vidéo pour prolonger l'épisode, plus loin, ou ailleurs. Cette semaine, Anaïs Flechet propose de prolonger son histoire des tambours de la batucada avec un article de Lilia Katri Moritz Schwarcz qui interroge le processus de valorisation des rythmes afro-brésiliens au cours du XXe siècle.
À partir des tambours et des autres instruments de percussions qui font la base de la samba et de la batucada, Anaïs Flechet, historienne des cultures musicales et de leurs appropriations sociales, déplie, dans cet épisode de Faire l’histoire, l’histoire des rythmes brésiliens.
Pour Entre-Temps, elle propose de prolonger cette histoire avec un article de l’historienne brésilienne Lilia Katri Moritz Schwarcz paru dans la revue Lusotopie en 1997 et intitulé « Le complexe de Zé Carioca: notes sur une certaine identité métisse et malandra ». Cet article analyse notamment le processus de valorisation des rythmes afro-brésiliens (auparavant marginalisés, voir combattus) et leur transformation en symbole national au cours du XXe siècle.
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La question raciale a toujours été associée au Brésil au thème identitaire. L’idée que le Brésil est un pays de mélange racial, qu’on l’affirme ou la rejette, cristallise toute s les inquiétudes. Lors de la découverte du Nouveau Monde, l’imaginaire européen hésitait déjà entre l’effroi et la vision édénique à propos des peuplades qui s’y trouvaient. Terre de végétation luxuriante, le continent américain était aussi celui du péché : sans loi, ni morale, ni religion.
Conformément à l’interprétation principale des Lumières, aux yeux de Rousseau, l’homme américain devenait un modèle, un bon sauvage, qui se prêtait mieux à reconnaître la civilisation qu’à la vérification empirique. Les effets de cette explication romantique ne se sont pas fait attendre au Brésil. La symbolique impériale de cette nouvelle monarchie, si étrange dans le contexte américain, mélangeait des éléments empruntés aux royautés européennes et des attributs tropicaux : l’indigène, le Noir et les produits locaux
Lire la suite de l’article de Lilia Katri Moritz Schwarcz sur Persée.
Découvrir aussi « Pourquoi faire l’histoire des tambours de la batucada ? », l’entretien donné par Anaïs Flechet au magazine L’Histoire.