L'histoire sous vitrine: Lescot apothicaire au musée Carnavalet
Entre-Temps propose un nouvel exercice : le récit d'une mise en vitrine de l'histoire. Dans un musée, dans un métro, dans un resto ou tout simplement dans son salon, l'histoire se donne aussi à voir sous vitrine. Il s'agit, dans cette nouvelle série, d'explorer les motifs d'une écriture exposée de l’histoire, à partir de la photo prise d'un de ces espaces devant lesquels on s'arrête. Cette semaine, on fait un tour du côté du musée Carnavalet.
C’est la salle par laquelle on accède aux collections du musée Carnavalet, le musée d’histoire de la ville de Paris, elle est consacrée aux « Devantures, enseignes et plaques de rues ». La façade de la boutique de l’apothicaire Lescot, acquise en 1912 par le musée – au moment du déménagement de la pharmacie de la rue de Grammont à la rue Sainte-Anne – a été reconvertie en vitrine. Y sont disposés des étuis et des pots à pharmacie du XIXe, de différentes tailles (à onguent – pour traiter des maladies de peau ou du cuir chevelu – ou à fard), des assiettes décorées de vues de l’École de médecine, datant des années 1810 ainsi que les eaux-fortes de trois devantures de pharmacie.
Au milieu de ces objets décoratifs et de la pratique, sont rassemblés cinq personnages en plâtre – style imitation pierre cuite – caricatures de chercheurs en médecine. Ce sont cinq portraits-charges du sculpteur Dantan le Jeune, l’un des premiers à lancer la mode des caricatures en série, inspirant notamment Daumier. Il y a ici le Professeur Pierre Rayer, spécialiste de la morve des chevaux et le Docteur Auzoux, inventeur du procédé de l’ « anatomie clastique » destinée à reproduire des organes au moyen de moulages articulés en papier mâché. À leur côté, on trouve le docteur Édouard Laborie, médecin en chef de l’asile de Vincennes, créé en 1857 par l’impératrice Eugénie pour soigner les ouvriers blessés au cours des grands travaux d’Haussmann, qui fut agrandi – par manque de lits – dès 1861. Laborie est représenté en carabin, un os entre les mains.
Un peu plus loin, dans le catalogue du musée, on lit que la plupart des façades, des devantures et des enseignes de cette première salle sont les « témoins pittoresques de l’histoire des métiers et du commerce parisien », bouleversé par les travaux d’urbanisme menés sous le Second Empire.
Envoyez-nous aussi vos vitrines ! On vous lit à cette adresse: entretemps.editorial@gmail.com