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Cauchemars d'historiens - 6 : Henri Plissequen ou la propagande reptilienne à l’université

Étudier le passé pour mieux comprendre le présent, l’astuce est connue. Il arrive cependant que la recherche historique ne se termine pas par la mise en demeure du contemporain, mais par la mise en cellule de son praticien. Les études de cas qui suivront - toutes fictives - portent sur des historiens qui entretiennent un rapport pathologique à leur sujet de recherche et présentent de ce fait un certain nombre de facteurs de risque de régression temporelle. Chaque étude de cas se propose d’analyser les travaux de recherche de l’individu traité avant d’en exposer les symptômes par la transcription d’un extrait de cette « œuvre ».

« L’Histoire est un cauchemar qui m’a réveillé trop tard », Paul de Damasquin, Quarantaine d’ost (manuscrit saisi, 2019).

Pièce à conviction D1 : fond d’écran de l’ordinateur personnel de Plissequen.

Étude de cas

Jusqu’à ce 9 mars 2021, Henri Plissequen était tenu par le cercle fidèle quoiqu’étroit de ses étudiants et de ses lecteurs (deux entités souvent confondues d’après les recoupements ultérieurs effectués) comme un universitaire conformé à la neutralité idéologique qu’impose la publicité de sa fonction : sans histoires et sans convictions. Loin de l’atténuer, cette réputation flatteuse accrut le scandale qui éclata le 9 mars 2021 à 17h09 lorsqu’un de nos agents, infiltrés parmi les six étudiants présents physiquement dans la salle d’examen pour valider l’unité d’enseignement de niveau Master 1 « L’historiographie française au XXe siècle », publia, neuf minutes après la fin de l’épreuve et via un fameux compte Twitter de veille universitaire qu’il anime secrètement, le sujet proposé par Plissequen : « “Le bon historien, lui, ressemble au tyrannosaure du passé. Là où il flaire la chair humaine, il sait que là est son gibier.” (Marc Bloch, Apologie pour l’histoire). Discutez cette affirmation. ». Notre agent prit soin d’accompagner sa publication d’une photographie dudit sujet et d’un message volontairement provocateur pour attirer l’attention des professionnels de l’indignation : « le grand historien Marc Bloch assassiné deux fois : la première fois par la barbarie nazie, la seconde par la bêtise du “professeur des universités” Henri Plissequen ».

Confronté à la polémique qui suivit, Plissequen attira d’autant plus l’attention de nos services qu’il se défendit en plaidant une faute d’étourderie : il aurait confondu l’« ogre de la légende » invoqué par Marc Bloch et le « tyrannosaure du passé » sorti de son inconscient. Revendiquer la mise en abyme volontaire d’une citation originelle qui invite elle-même à la prédation et au braconnage aurait pourtant constitué un coup plaidable susceptible de calmer la polémique en lui assurant le soutien des aventuriers de l’historiographie. Davantage que les erreurs factuelles énoncées (il n’y a que dans quelques expressions déviantes de la culture populaire que des dinosaures théropodes ont chassé des êtres humains), c’est le choix de Plissequen de se justifier en avouant ses penchants reptiliens qui entraîna le lancement d’une enquête administrative destinée à analyser toutes les traces suspectes qu’il aurait pu laisser dans ses publications, ses cours ou sa correspondance personnelle depuis le début de sa carrière.

Notre surprise fut brève lorsqu’il apparut qu’un an plus tôt, en avril 2021, à la faveur, se justifia-t-il dans son procès-verbal, « de l’ennui du confinement », Plissequen avait ouvert un site internet participatif intitulé « Reptique.net » que nos services n’avaient pas jugé digne de traquer car il ne dépassait pas le seuil de trois visiteurs uniques par jour et ne s’affranchissait donc pas des lois du non-référencement algorithmique. L’objectif de ce site n’était rien moins que de lancer en grande pompe les « Dinosaur studies », une nouvelle excroissance de cette histoire du point de vue animal qui prospère depuis quelques années au nom de la « liberté académique ». Plissequen y soumettait à la sagacité de ses pairs une série de cinq articles censés poser les fondations des trois premiers chantiers à ouvrir : l’étude des régimes d’historicité dinosauriens (« Un empire millionnaire. Les Dinosaur studies et le temps long »), l’application des théories foucaldiennes aux marginalités du Crétacé supérieur (« Violences, instincts grégaires et phénomènes de bandes chez les droméosauridés du Crétacé » ; « L’imposture tricératops. Identités et travestissements chez les cératopsidés du Crétacé ») et enfin une histoire politique du tyrannosaure (« Les bras du tyrannosaure ou les paradoxes d’une agency carnivore » ; « Rois parmi les sauriens tyranniques. Permanences et mutations des formes d’engagement royaliste chez les grands théropodes d’Amérique du Nord (67-66 millions AP) »). Le pouvoir de fascination infantile qu’exercent ces grands anciens devait, selon Plissequen, faire de cette entreprise le cheval de Troie de la présence reptilienne dans des esprits déjà préparés par de précédentes invasions dinosauriennes (films, jouets, expositions de faux ossements, etc.). Son échec algorithmique le décida ensuite à choisir des cibles qu’il savait fragiles : de pauvres étudiants, nés dans les années 1990 ou 2000, exposés depuis leur prime enfance à la monstrueuse propagande des films états-uniens Jurassic Park puis Jurassic World dont chaque nouvelle occurrence exhibe des dinosaures toujours plus intelligents et humanoïdes.

Le sujet de partiel du 9 mars 2021 et le site internet Reptique.net constituent les deux seules manifestations publiques d’une allégeance reptilienne de la part de Plissequen en plus de vingt-cinq ans de carrière dans l’enseignement supérieur et la recherche : interrogés par leur transparence grossière, nos services ont établi que ces deux revendications s’inscrivent dans cette vague de propagande reptilienne par le fait social indubitable qui fait actuellement des ravages dans nos universités. Plissequen abandonnait la stratégie subliminale à laquelle il s’était tenu jusque-là pour dater et signer son appartenance et ainsi se rêver en martyr de sa cause. Le protocole disciplinaire immédiatement mis en place à son encontre aura au moins eu le mérite de l’exhausser sur ce point et de lui offrir la célébrité qui se refusait à ses productions prétendues scientifiques. Comme le passage au crible de ces dernières le montre, cette apparente scientificité n’était qu’un leurre destiné à masquer la présence de signaux faibles envoyés à de possibles disciples aptes à les déchiffrer dans des supports aussi variés que des intitulés de sujets d’examen, des titres d’articles, des citations mises en exergue ou des notes personnelles. Plissequen n’a, au long de sa carrière, négligé aucun vecteur pour faire passer ses messages subliminaux à une intense fréquence. Son cas est donc aussi une leçon de modestie pour nos services qui se sont avérés incapables de les capter et de les décrypter à temps. Dès 1996 et son oral (public rappelons-le) de hors-programme à l’agrégation externe d’histoire, Plissequen avait pourtant manifesté, en même temps qu’un mauvais goût certain, une idéologie à la coloration suspecte : la troisième partie de sa leçon sur Hubert Lyautey, consacrée au rêve de recréation d’un Ancien Régime fantasmé dans le Maroc colonial, s’intitulait en effet « Le Roi soleil vert ». Les pièces à conviction qui suivent, loin d’être exhaustives, suffisent déjà à prouver la nécessité impérieuse de soumettre à des inquisitions les plus serrées possibles les productions universitaires contemporaines pour protéger notre jeunesse du venin secrété par les langues bifides.

Pièce à conviction D2 : capture d’écran retrouvée sur le bureau de l’ordinateur personnel de Plissequen.

 

Exposition des symptômes

A. Titres d’articles ou de communications

A1. « Un survivant : Charles de Lézardière (1777-1866) ». [Article paru dans la Revue du souvenir vendéen, n°198, avril 1997.]
A2. « Le héros solitaire contre les “orgueilleux reptiles”. La vérité et son double dans les manuscrits laissés par Alexandre Gonsse de Rougeville ». [Article paru dans le dossier « Histoire et archives de soi » de la revue Sociétés et représentations, n°13, 2002.]
A3. « “Le crocodile pleure aussi”. Régime des émotions et économie du remords chez les députés montagnards ». [article paru dans les Annales historiques de la Révolution française, n°341, juillet-septembre 2005.]
A4. « “Il a les ongles d’un procureur de l’ancien régime, et le reste du corps d’un reptile”. La peur de l’agioteur sous le Directoire ». [Communication prononcée lors du colloque « La citoyenneté républicaine à l’épreuve des peurs » organisé à Clermont-Ferrand les 12 et 13 février 2015.]
A5. « Un empire millionnaire. Les Dinosaur studies et le temps long ». [Article mis en ligne sur le site Reptique.net le 1er avril 2021.]
A6. « Violences, instincts grégaires et phénomènes de bandes chez les droméosauridés du Crétacé ». [Article mis en ligne sur le site Reptique.net le 1er avril 2021.]
A7. « L’imposture tricératops. Identités et travestissements chez les cératopsidés du Crétacé ». [Article mis en ligne sur le site Reptique.net le 1er avril 2021.]
A8. « Les bras du tyrannosaure ou les paradoxes d’une agency carnivore ». [Article mis en ligne sur le site Reptique.net le 1er avril 2021.]
A9. « Rois parmi les sauriens tyranniques. Permanences et mutations des formes d’engagement royaliste chez les grands théropodes d’Amérique du Nord (67-66 millions AP) ». [Article mis en ligne sur le site Reptique.net le 1er avril 2021.]

B. Citations mises en exergue

B1. « Mes amis Lezardières, voyant cette mesure manquée, suivirent une voie que nous indiquerons plus tard. » [Citation tirée de la page 137 du tome III des Mémoires secrets de Armand François d’Allonville, placée en exergue du chapitre consacré à la famille de Lézardière dans le manuscrit original de la thèse sur les « Formes d’engagements royalistes de la noblesse française entre 1789 et 1815 ».]
B2. « Les hommes punissent ce qui leur nuit ; ils écrasent le serpent qui les pique, sans qu’on puisse en induire pour cela le plus léger argument contre l’existence de ce reptile. » [Citation tirée de la page 177 du tome III de la Nouvelle Justine du marquis de Sade placée en exergue du manuscrit original du mémoire inédit « La “belle jeunesse française”. Violences juvéniles sous la Révolution et l’Empire » présenté dans le cadre d’une Habilitation à diriger des recherches soutenue en 2013.]

Pièce à conviction D3 : fichier image découvert sur le bureau de l’ordinateur personnel de Plissequen.

C. Sujets d’examen

C1. « “L’histoire dira, si elle prend la peine de s’en occuper, quelle fut l’infatigable complaisance et l’incommensurable abaissement de cette première assemblée du Second Empire, où l’étouffement systématique de la parole le disputait à la simple et docile prestesse du vote. Mais nul ne dira, nul ne saura jamais ce que j’ai souffert dans cette cave sans air et sans jour, où j’ai passé six ans à lutter contre des reptiles.” (Charles de Montalembert, Mémoire sur le coup d’État adressé au comte Napoléon Daru, 1869) ». [Sujet de commentaire de texte historique donné à des étudiants de niveau Licence 1 dans le cadre de la validation de l’unité d’enseignement « Histoire politique du XIXe siècle français », 18 mai 2000. D’après les dépositions faites par d’anciens étudiants ayant composé sur ce sujet, Plissequen aurait déclaré lors de la séance de rendu des copies : « Votre commentaire aurait pu tenir en une phrase : Montalembert découvre qu’il a vécu dans la matrice ». Le film Matrix des Wachowski était sorti quelques mois auparavant et avait rencontré un grand succès auprès de la jeunesse, nul doute que Plissequen a vu dans cette formule démagogique un bon moyen de révéler la vraie nature de son entreprise sous prétexte de paraître au goût du jour].
C2. « Ce rapprochement révèle peut-être la personnalité véritable de Louis XVI : agneau destiné au sacrifice. Sa répugnance, ou, plus précisément, son incapacité à verser le sang, sa prétendue faiblesse, n’étaient que l’expression de sa profonde humanité, qui contraste si vivement avec la froideur reptilienne des révolutionnaires jacobins. » (Henri Beausoleil, « La mort de Louis XVI » dans Livre noir de la Révolution française (2008). Discutez cette citation et notamment son inscription dans la première partie de l’ouvrage intitulée « Les faits ». [Sujet de dissertation donné à des étudiants de niveau Licence 3 dans le cadre de la validation de l’unité d’enseignement « Écrire l’histoire de la Révolution française de la fin du XVIIIe siècle à nos jours », le 9 juin 2016].
C3. « A Montpellier, un apothicaire fit annoncer qu’une vipère s’étoit échappée de sa caisse : à cette nouvelle, vous eussiez vu tout le quartier, et bientôt toute la ville en crainte ; chacun dans chaque foyer visitoit les coins de ses appartemens, les valets n’y promenoient leurs balais qu’avec précaution, la servante n’osoit plus aller à la cave sans compagnie et sans lumière, chacun ne heurtoit pas de son pied le moindre fétu qu’il ne crût fouler le reptile. Une seule vipère causa cette frayeur qui ne finit que le jour où l’on retrouva la venimeuse bête. O citoyens ! que n’avez-vous pu voir avec quelle joie, avec quelle rage elle fut immolée ! effet juste et terrible de la perte de la confiance ! effet naturel de l’instant qui la ramène, tant l’homme en société ne peut exister sans elle ! La vipère fut écrasée et mille fois écrasée, ses tronçons roulés de proche en proche allèrent attester la disparition d’un fléau. Si dans une assez grande cité une seule vipère apporta tant de méfiance, que pensez-vous qu’il doit être de Paris où tant de milliers de reptiles s’insinuent parmi nous ? Hommes méchans ! hommes détestables et corrompus qui vous déclarez partisans des mouchards, qui vous en servez, qui osez les aborder, qui nous exposez au venin de ces immondes créatures, ayez la bonne foi de DECROSNE qui leur vouloit mettre un uniforme ; sans doute il avoit entendu des serpents à sonnettes. » [Commentaire de texte historique d’un extrait du n°78 du journal les Révolutions de Paris dédiées à la Nation et au Districts des Petits-Augustins (janvier 1791) soumis à des étudiants de niveau Licence 2 dans le cadre de la validation de l’unité d’enseignement « L’information en Europe au XVIIIsiècle », le 15 janvier 2010].
C4. « “Le bon historien, lui, ressemble au tyrannosaure du passé. Là où il flaire la chair humaine, il sait que là est son gibier.” (Marc Bloch, Apologie pour l’histoire). Discutez cette affirmation. » [Sujet de dissertation soumis à des étudiants de niveau Master 1 dans le cadre de la validation de l’unité d’enseignement « L’historiographie française au XXsiècle », le 9 mars 2021.]

D. Documents découverts à son domicile

D1. Un fond d’écran d’ordinateur personnel composé d’une version numérisée haute résolution d’une caricature anglaise de 1799 intitulée « The Corsican crocodile dissolving the council of frogs!!! » dont l’original est conservée au British Museum.
D2. Un fichier nommé « Capture d’écran 2021-03-03 à 10.52.59 » découvert sur le bureau du même ordinateur. Ce fichier est la capture de la page 570 du tome II de l’ouvrage Les conspirations et la fin de Jean, baron de Batz, 1793-1822 : études sur la Contre-Révolution (1911). Il s’agit d’un extrait d’index donc la première ligne porte : « LÉZARDIÈRE (de) conspirateur royaliste, 176 ».
D3. Un autre fichier nommé « Le_Reptile_travesti_en_héros_[…]Brière_Louis-Philippe_bpt6k64816171 » qui correspond à une image au format jpeg du frontispice (dans sa version originale numérisée sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France) d’un libelle in-octavo publié en 1790 par Louis-Philippe de Brière, ci-devant chevalier du Coudray, contre Poupart de Beaubourg sous le titre : Le Reptile travesti en héros citoyen ou Dénonciation à la patrie d’un des plus odieux criminels qui aient affligé et déshonoré l’espèce humaine.
D4. Un exemplaire du poème Le Crocodile ou La guerre du bien et du mal arrivé sous le règne de Louis XV. Poème épiquo-magique en 102 chants. An VII de la République, 1799 par Louis-Claude de Saint-Martin dans une édition proposée par les Éditions maçonniques (2008). Preuve d’une volonté de susciter des affinités électives, l’exemplaire était rangé à côté d’un exemplaire de poche de l’ouvrage éponyme de Fiodor Dostoïevski.

Pièce à conviction D4 : ouvrage découvert dans la bibliothèque personnel de Plissequen.

E. Citations compilées dans un fichier informatique nommé « Corpus reptile »

[Ce fichier se trouvait dans l’ordinateur personnel de Plissequen et des copies de sauvegarde ont été retrouvées sur trois autres supports (deux physiques : une clé usb et un disque dur externe ; un dématérialisé : un service de stockage numérique gratuit). Interrogé sur l’usage qu’il comptait faire de ces citations, Plissequen a reconnu qu’il travaillait à une étude consacrée à l’usage de la métaphore reptilienne dans le cadre d’un colloque à venir sur la tératologie révolutionnaire organisée par le professeur Antoine de Baecque (aucune preuve de l’existence d’un tel projet n’a pu être trouvée). Les citations sont présentées telles que Plissequen les a lui-même transcrites et décontextualisées].

E1. Journal de Paris, 17, p. 757. Extrait de Vers sur les dissensions des gens-de-lettres par Constance D.T. Pipelet : « L’art de blesser n’est pas si difficile, / N’est-on pas tous les jours piqué par un reptile »
E2. Pujoulx, Paris à la fin du XVIIIe siècle, p. 96 : « Vois-tu cet homme sec, ici, tout près de toi ? / Une plume en stylet arme sa main débile ; / En vois-tu découler le venin du reptile ? / Faut-il te le nommer ?… Non, regarde là-bas »
E3. Pujoulx, Paris à la fin du XVIIIe siècle, p. 166 : « Ainsi les reptiles souillent, par leur fatale approche, les végétaux même les plus utiles. »
E4. Aulard, tome V, p. 605 : « Insouciants, voleurs, royalistes et caméléons, tous survécurent, excepté deux ou trois, à ces deux crises inutilement fameuses. »
E5. Supplément à la Gazette nationale, 30 mai 1792, n°151, p. 517 : « Quoi qu’il en soit, cette affaire est une preuve des plus manifestes que la vérité n’a pas plus d’accès à la cour de Coblentz qu’elle n’en avait à Versailles ; que le courtisan, orgueilleux et bas à la fois, a toujours la peau du caméléon, à laquelle il joint souvent la griffe du tigre. »
E6. « Rapport fait par Carnot au nom du comité de Salut public concernant la prise de Nimègue et du fort de Schrenck par l’armée du Nord, lors de la séance du 22 brumaire an III (12 novembre 1794) » : « L’ennemi des factions brave également le poignard des assassins et la dent du reptile »
E7. Ancien Moniteur, XXII, p. 522 : « Que l’orage ne vous effraye point, citoyens : ce sont les tempêtes qui purifient les mers ; elles repoussent dans les cavités des rochers le fucus et le varech qui couvraient la surface de l’Océan : ainsi le peuple éclairé, le peuple, en se levant, rejettera loin de lui ces reptiles venimeux dont l’existence outrage la nature. »
E8. Ancien Moniteur, XXII, p. 606 : « Si quelqu’un, en parlant de cette Société qui fut, rappelait des services rendus alors à la liberté, convenez-en… ; mais observez que les plantes et les reptiles vénéneux entrent aussi dans la composition des médicaments les plus salutaires, mais qu’il n’en faudrait pas conclure que nos pharmacies dussent être encombrées de ciguë et de vipères, etc. »
E9. Ancien Moniteur, XXII, p. 150 : « Oui, représentants, le coup qui l’a frappé, en nous éclairant sur vos périls, ajoute aux devoirs que nos fonctions nous imposent. Notre surveillance en deviendra plus active, s’il est possible, et nous parviendrons à écraser ces reptiles venimeux, dont l’existence sera bientôt un problème à résoudre. »
E10. Révolutions de Paris dédiées à la Nation et au District des Petits-Augustins, n°78, p. 691 : « Que cette loi anéantisse ces reptiles engendrés de la pourriture des cadavres de l’ancien régime. Alors, s’ils ne disparoissent pas, que les citoyens leur donnent la chasse, comme on a fait aux crapauds, comme on a fait aux crocodiles, comme on a fait aux serpens et à tous les animaux que les hommes ont en horreur. »
E11. Tuetey, tome 10 : 278. – « Adresse de la Société populaire de Sennecey à la Convention nationale, proclamant que le caméléon Capet et Antoinette, ce volcan de tous les crimes, n’existent plus, et que les citoyens sont vengés » (16 frimaire an II). Original signé, A. JV., C 285, n°834.
E12. Journal de Paris, 15, p. 1203 : Guyomard. « Nous devons à notre tour maintenir ses droits, & les défendre envers & contre tous, & sur-tout contre nos mortels ennemis, les émigrés, qui, caméléons nouveaux, prennent toutes les couleurs, se couvrent de toutes les formes, pour rentrer dans le sein d’une patrie qu’ils ont long-temps déchirée. »
E13. Chénier, « Ode IX, à Marie Anne Charlotte Corday » : « Des fanges du Parnasse un impudent reptile / Vomit un hymne infâme au pied de ses autels. »

F. Projets secrets

[Plissequen avait dissimulé ces projets au milieu de centaines d’autres choses sans intérêt « À faire » compilées dans l’application bloc-notes de son téléphone portable.]

F1. TROUVER QUI !!!!! DUVERNAY ou DUVERNOY, Claude. Recommandé par M. Lézardière. Sources : AF/I/1, plaquette 4 ; C//187, plaquette 134 ; O/1/3698, compagnie de Vaubercey, p. 13 (20 février 1792).
F2. TROUVER LE NUMÉRO !!!! : « Ils appartiennent à un répertoire de protestation populaire par braconnage de l’espace public, caractéristique du premier XIXe siècle, et se manifestent par toute une gamme de pratiques : le détournement satirique de signes officiels (ainsi ce crocodile couronné d’une enseigne de la rue Saint-Martin dans le Paris de la première Restauration) » (Dans E. Fureix, « Police des signes »).
F3. QUEL CROCODILE ??? « Gillet, représentant du peuple près l’Armée de Sambre-et-Meuse, au comité de salut public. Au quartier général, à Maëstricht, le 18 brumaire, l’an 3 de la république, une et indivisible. » : « La fameuse tête de crocodile est trouvée : c’est dans son genre l’un des plus beaux morceaux d’histoire naturelle qui existe. (Ancien Moniteur, tome 22, p. 488).

Publié le 9 mars 2021
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