Venise et la machine à voyager dans le temps
Depuis le milieu des années 1990, différents programmes de numérisation de sources anciennes ont permis de reconstituer des contextes, des univers et des ambiances urbaines passées. Trois projets, centrés sur trois villes et périodes historiques différentes – Venise, Rome et Paris – nous permettent de présenter quelques approches et méthodes pour obtenir ces restitutions virtuelles. Par contraste avec d’autres entreprises de reconstitutions, associées notamment aux films, séries ou jeux-vidéos, ils ont pour point commun de penser un aller-retour constant entre les sources et les modèles virtuels. Avec des ambitions et des moyens différents, ils illustrent tous les trois comment les humanités numériques introduisent de nouveaux modes de compréhension du passé.
Constituées en 2012 à l’École polytechnique de Lausanne (EPFL), en partenariat avec université Ca’Foscari de Venise, les équipes de la Venice Time Machine ont réalisé un immense travail de numérisation, traduction et indexation des archives vénitiennes. À partir de milliers de manuscrits, peintures et photographies, le projet ouvre de multiples perspectives de recherches : en histoire socio-économique à travers l’étude sérielle permettant d’étudier la démographie ou les échanges dans la ville ; en études environnementales, pour reconsidérer sur le temps long l’évolution de la lagune et de l’architecture de la ville. Cette dernière dimension comporte notamment un important travail de reconstitution de la morphologie urbaine et des paysages de certains quartiers de Venise. A l’image de l’évolution du quartier du Rialto du milieu du Xe siècle à nos jours, présentée dans cette vidéo
Pour approfondir, cette autre vidéo, réalisée par la revue Nature, vous présentera brièvement différents aspects du projet. Elle illustre notamment les liens forts entre les documents d’archives et la représentation virtuelle, ainsi que les nouvelles exploitation des sources permises par la Venice Time Machine.
L’émission « Matières à penser » sur France Culture revient sur les ambitions du projet vénitien, sous la forme d’une discussion entre Patrick Boucheron et Frédéric Kaplan – professeur à l’EPFL et concepteur de la Venice Time Machine. Elle constitue une autre forme d’introduction aux enjeux qui lient les humanités numériques à l’étude du passé.