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L'historienne et le romancier: les arcanes d'une collaboration. Épisode 2 : S'ouvrir sur l'imaginaire

Camille Cleret évoque son travail d'historienne aux côtés du romancier Pierre Lemaitre, dont elle est la conseillère historique depuis 2017. Histoire et fiction sont brassés dans les romans de Pierre Lemaitre. Quelles en sont les recettes ; comment les éléments historiques sont-ils dosés ? Dans ce second et dernier épisode, l'historienne revient sur son travail de documentation et de relecture, sur ses échanges avec le romancier pour mettre l'histoire en intrigues.

Archives et fiction : fausses fausses nouvelles et vraies fausses nouvelles (Miroirs de nos peines)

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Extrait de la couverture de Miroir de nos peines.

C’est avec Miroirs de nos peines, paru en 2020, que ma collaboration avec Pierre Lemaitre a pris une forme plus méthodique. Le roman, qui clôt la trilogie des « Enfants du désastre », se déroule d’avril à juin 1940 et retrace la quête familiale de Louise Belmont dans la tourmente de l’exode. Ma première mission fut de documenter le quotidien des Français (civils et soldats) durant la drôle de guerre puis la bataille de France, en tenant compte de l’état de la recherche scientifique. Parmi les nombreux sujets ensuite retenus pour construire l’histoire, deux ont fait l’objet de recherches particulièrement détaillées de ma part : « La vie quotidienne des soldats dans la ligne Maginot » et « La bataille de l’information ». La première recherche a donné naissance au « Mayenberg », forteresse imaginaire partiellement inspirée du Hackenberg dans laquelle évoluent deux des personnages principaux. La seconde est directement à l’origine du personnage de Désiré. Mythomane et affabulateur professionnel, celui-ci change d’identité avec une facilité déconcertante. Entre les fonctions d’avocat qu’il occupe au début du roman et celles de prêtre qui l’accaparent à la toute fin, il fait un séjour remarqué au ministère de l’Information[1]. D’abord chargé du dépouillement de la presse turque, Désiré sévit ensuite à la censure puis se trouve propulsé à la radio où il incarne une sorte de contre-Ferdonnet[2] chargé de redresser le moral des Français via la diffusion de nouvelles mensongères sur l’état déplorable des forces ennemies et la bonne tenue de l’armée française.

On avait beau seriner « les troupes alliées tiennent solidement », tous les observateurs comprenaient que voir les Allemands fondre sur Amiens, sur Arras, n’était pas encourageant. Il fallait tout le talent d’un Désiré Migault pour donner un semblant de lustre à ce qui s’annonçait comme une déculottée historique. C’est à quoi ses chroniques de M. Dupont sur radio-France s’employaient quotidiennement.
Bonsoir à tous. Madame V., de Bordeaux, me demande « pour quelle raison l’armée française rencontre un peu plus d’adversité que prévu pour repousser la tentative d’invasion allemande ». – Musique- La véritable cause des difficultés françaises, c’est la cinquième colonne, c’est-à-dire la présence sur notre sol d’agents embusqués dont la mission est de saper l’autorité française. Savez-vous que l’Allemagne a parachuté récemment, dans le Nord de la France, près de cinquante jeunes filles (moins voyantes que des hommes) chargées d’adresser aux forces allemandes, grâce à des miroirs, mais aussi par des fumées, comme les Indiens, pour leur indiquer des positions françaises. Elles ont été arrêtées mais le mal était fait. On a la preuve que des paysans infiltrés disposent des vaches dans les champs de manière à montrer leur chemin aux soldats allemands. Quelle n’a pas éta la surprise des officiers français qui ont découvert des chiens dressés par des traîtres à aboyer en morse!

Le personnage de Désiré Mirgault, Miroirs de nos peines (version poche), p. 221-222.

Bien que le personnage soit complètement loufoque, sa trajectoire des plus invraisemblables, son passage au ministère m’a amenée à produire un important travail de documentation : lecture d’ouvrages et d’articles spécialisés[3], quête de témoignages écrits[4], dépouillement de la presse, des bulletins hebdomadaires d’information et consultation des archives du Commissariat contenant notamment les consignes adressées aux censeurs[5]. Cette documentation, insérée dans une note intitulée « Désiré propagandiste » a permis à Pierre Lemaitre de reconstituer l’ambiance de l’hôtel Continental[6], de faire recruter son personnage grâce à un modèle de lettre d’introduction retrouvée parmi les documents, de le faire évoluer au sein des différents services du Ministère. Le romancier force le trait, exagère, accentuant la drôlerie du personnage – on le voit notamment lors de son passage à la censure où son art du caviardage excède une réalité déjà très rigoureuse. Pourtant la frontière entre fiction et réel est ici des plus ténues. Aussi les fausses nouvelles dont Désiré se fait le spécialiste mêlent-elles en vérité fausses fausses nouvelles et vraies fausses nouvelles, ces dernières n’étant pas toujours les moins farfelues. Observer mon enquête sur la désinformation en temps de guerre se mêler à la créativité du romancier pour venir s’incarner progressivement dans ce personnage extravagant fut une expérience des plus jubilatoires.

On mentait quand on assurait au peuple que dans les usines, le temps perdu était rattrapé, que les résultats obtenus chaque jour, grâce à l’impulsion du gouvernement, dépassaient même les espérances. On mentait quand on disait que les avions sortaient enfin en série, par milliers. On mentait quand on proclamait que jamais, les Alliés n’avaient été plus forts, la troupe mieux commandée et impatiente de se battre. On mentait pour tuer le temps (…) par un phénomène d’autosuggestion bien connu des cliniciens qui traitent la mythomanie, les fabricants de bonnes nouvelles finissaient par se prendre à leur jeu et accueillaient avec de sincères transports d’une oreille franchement étonnée après qu’elle eut couru les bureaux, la presse, la radio, la foule, l’heureuse information dont ils étaient les auteurs stupéfaits (…)  Les Allemands n’ont que 4 ou 5 mois de vivre, d’où la nécessité pour eux d’entreprendre une guerre éclair. Au surplus, ils sont absolument dépourvus de cuir, répétait-on avec une ironique satisfaction (…).

Témoignage d’un ancien du Continental, extrait de
R. Cardinne Petit, Les  soirées du Continental. Ce que j’ai vu à la censure,  1942.

 

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Consignes adressées aux censeurs. Archives nationales, F/41.

 

Conflit d’histoires : écrire la domination coloniale (Le Grand Monde)

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Extrait de la couverture du roman Le Grand Monde.

Paru en 2022, Le Grand Monde inaugure un cycle romanesque dédié aux Trente Glorieuses. Le roman s’ouvre en 1948 et fait pénétrer le lecteur dans l’intimité de la famille Pelletier, éclatée entre son foyer beyrouthin, la grisaille parisienne de l’après-guerre où vivront bientôt 3 des 4 enfants et l’Indochine, que le dernier d’entre eux gagne dans l’espoir de retrouver un amant disparu. Une part importante du travail de documentation pour cet ouvrage a bien sûr eu trait à la guerre d’Indochine, sur laquelle – une fois le cadre général posé – Pierre Lemaitre s’est en grande partie renseigné lui-même, notamment en ce qui concerne le trafic de la piastre. Je me suis surtout chargée d’enquêter, dans la mesure du possible – nous étions en pleine pandémie –, sur le rôle des « sectes politico-religieuses ». C’est à partir de cette enquête que Pierre a construit l’étonnante communauté Siêu Linh qui s’inspire librement de mouvements millénaristes et syncrétiques bien réels.

Étienne s’était rendu à une cathédrale remplie de fidèles, elle était quasiment vide. Il resta sur le seuil un long moment, soufflé par l’immensité du lieu et l’imposant décorum. De chaque côté d’une large travée centrale, de hauts paravents peints ménageaient des loges surmontées de figures allégoriques représentant des animaux réels ou mythologiques. Étienne reconnut l’Abeille, le Paon, le Vautour, la Crevette etc., sous lesquels des autels à l’emblème de Siêu Linh portaient des lampes à huile. […] Mais le plus surprenant, c’était les grandioses peintures ornant les paravents monumentaux, chacune montrant un personnage en pied qu’Étienne fut étonné de reconnaître. Il y avait là Marie Curie tendant à bout de bras un microscope vers la foule, Victor Hugo en habit d’académicien, barbu comme jamais, droit comme la Justice, un Alexandre Dumas aux cheveux crépus rédigeant les trois mousquetaires à la plume d’oie.[…] Tous ces personnages, qu’on s’attendait si peu à trouver dans une église, était portraiturés dans un même décor: devant ine ligne d’horizon rectiligne et un soleil resplendissant en arrière plan

La secte Siêu Linh dans Le Grand Monde, p. 25.

Bien d’autres éléments du roman ont induit des recherches[7]. Plutôt que de les passer en revue, je préfère revenir brièvement sur l’expérience de la relecture. Dans le cas du Grand Monde, la question la plus délicate concernait la représentation des populations d’Indochine. Montrer l’oppression coloniale, la prégnance des stéréotypes raciaux, sans donner involontairement l’impression que le narrateur se les approprie est une opération ardue sur laquelle nous avons beaucoup échangé lors des relectures. La plupart du temps, celles-ci se traduisent de mon côté par des suggestions, des propositions de modification et plus rarement d’ajouts. Il est toujours tentant pour l’historienne que je suis de chercher à ajouter des références aux évènements. À l’inverse, Pierre Lemaitre met l’histoire au service de son histoire et craint, à raison, que les ajouts historiques ne viennent artificiellement saturer le roman. Pourtant, en ce qui concerne Le Grand Monde, ma proposition d’ajout a triomphé de ces habituelles réticences. Une des premières versions du roman faisait simplement allusion à la manifestation du 11 novembre 1948 auquel devait se rendre Albert, le père de famille qui se trouve être ancien combattant. J’ai alors signalé à l’auteur que cette manifestation, organisée dans un climat politique et social extrêmement tendu, fut marquée par de violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Il me semblait qu’on était là devant un de ces évènements peu connus dont le romancier est si friand. La proposition a été retenue et l’intrigue modifiée pour faire place au récit de cette manifestation. Le lecteur la découvre finalement via le personnage de François, journaliste qui, pris dans la tourmente des évènements, se fend ensuite d’un article directement inspiré de celui que Claude Bourdet fit réellement paraître dans Combat au lendemain de la manifestation[8].

Manifestants
Une photographie de la manifestation du 11 novembre, dans Combats, 12 nov. 1948.

 

Anachroniques contextualisées (Le silence et la colère)

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Extrait de la couverture du roman Le silence et la colère.

Dernier né de la saga des « années glorieuses », Le silence et la colère a paru début 2023. Alors que le précédent roman accordait une large place aux mésaventures indochinoises d’Étienne Pelletier, c’est Hélène, la cadette de la famille, devenue journaliste, qui cette fois porte l’intrigue. Au moment même où elle réalise avec effroi qu’elle est enceinte, Hélène est envoyée en reportage à Chevrigny, un village s’apprêtant à être englouti par les eaux d’un barrage flambant neuf. Suivant un procédé que l’auteur affectionne particulièrement car il lui offre davantage de liberté, Chevrigny est une commune fictive. Le drame humain que rapporte le roman est librement inspiré de celui de Tignes et d’autres villages sacrifiés à la modernité triomphante[9]. À ce sujet, Pierre Lemaitre s’est informé par lui-même, mes interventions se limitant à la question de la perception médiatique de ces immersions. Je me suis davantage attachée à documenter l’autre pan de l’histoire, celui qui concerne la grossesse et l’avortement d’Hélène. J’ai suggéré cette piste après une discussion avec mon ami et collègue Cyrille Jean, dont la thèse porte sur le développement du marché contraceptif en France après la Seconde Guerre mondiale. Lors de cette discussion, il m’avait expliqué que statistiquement le pic de la lutte contre l’avortement en France se situait non pas sous Vichy comme on est tentés de le croire, mais dans l’immédiat après-guerre[10]. Pierre Lemaitre accueillit l’information avec empressement – le contrôle du corps des femmes faisait partie des thèmes pressentis pour le roman – mais souleva une difficulté liée à la chronologie : il ne pouvait envisager de situer le roman avant 1952, ayant besoin que ses personnages aient suffisamment évolué par rapport au précédent roman. Or en 1952, la phase la plus intense de la répression était passée. Après délibération, nous convînmes néanmoins qu’il n’était pas anachronique de traiter de répression de l’avortement au début des années 1950, à condition de bien contextualiser. C’est ainsi qu’est né le commissaire Palmari, un « croisé » du combat contre l’avortement qui « regrette que cette lutte soit un peu délaissée ». Les méthodes de traque de ce commissaire, librement inspirées de celles du juge Gollety et de la brigade de natalité, sont issues d’un travail de documentation réalisé avec l’aide de Cyrille.

Le directeur, en accompagnant le policier vers le bureau de la comptable, se souvenait des mots du Dr Marelle « J’ai un copain de promotion à Lyon qui l’a vu à l’œuvre. En matière de chasse à l’avortement, il a fait des merveilles sous Vichy, des merveilles à la Libération! Il regrette que cette lutte soit un peu délaissée, alors il met les bouchées doubles ». Le docteur Marelle avait relevé la tête de l’échiquier. « C’est un pervers. L’avortement, c’est son combat. Il paraît qu’il est assez innovant dans sa spécialité ». De fait, se disait le directeur du laboratoire, jamais encore un policier n’était devenu dénombrer les lapines et relever le nom et l’adresse des clientes ayant fait un test de grossesse. C’était fichtrement tordu. « À Lyon, avait ajouté Marelle, on l’appelait le Croisé … »

L’inspecteur Palmari, librement inspiré du juge Goletty, dans Le silence et la colère, p. 66-67.

Mais le plus difficile pour l’auteur ne fut pas tant de représenter la lutte contre l’avortement que l’acte d’avortement lui-même. En consultant des témoignages mais également des attendus de décisions de justice, j’ai alors entrepris de renseigner très concrètement les différentes méthodes employées dans les années 1950, de décrire les sondes, produits abortifs, canules et leur mode d’emploi, ainsi que le ressenti des avortées, les risques encourus et les éventuels soins à apporter. Pour l’anecdote, le cataplasme à la racine de guimauve prescrit au chapitre 20 est directement issu d’un manuel de médecine ayant appartenu à mon grand-père, qui exerçait dans les années correspondant au roman.

Gazette provencale
La gazette provençale, 30 août 1950.

 

Au terme de cet article, je souhaite souligner quels sont, à mon sens, les apports d’une telle collaboration. De mon côté, j’expérimente une autre manière de pratiquer l’histoire en appliquant les méthodes de recherche acquises pendant ma formation à un cadre romanesque. La quête documentaire répond peu ou prou aux mêmes exigences et à la même rigueur que celles requises dans un contexte académique mais la restitution de l’enquête s’éloigne des canons de la discipline historique et suit des objectifs très différents puisqu’il s’agit de s’adapter à des personnages et à des situations fictives. Ces activités viennent sans cesse alimenter ma curiosité et compenser un processus de spécialisation inhérent à la formation de tout historien. Plus indirectement, c’est aussi l’occasion pour moi d’exercer mon imagination car l’Histoire ne vient jamais naturellement s’imbriquer à l’histoire. Il faut proposer des liens entre les faits du passé et les biographies des personnages, non seulement asseoir le contexte mais faire en sorte que celui-ci vienne nourrir une mise en intrigue dont l’essentiel tient de l’invention. De fait, ceci suppose de faire preuve d’une certaine créativité historique. Cette ouverture sur l’imaginaire est sans doute ce qui me stimule le plus dans cette collaboration. En contrepartie, il faut accepter la frustration ne pas pouvoir aller au bout d’une recherche, de s’arrêter aux seuls besoins d’un romancier qui travaille dans une certaine limite de temps et savoir reconnaître ses propres limites lorsque ses demandes outrepassent une expertise qui n’est pas extensible à l’infini. J’en ai fait l’expérience au cours de la préparation du prochain ouvrage, un roman d’espionnage dont l’intrigue se nouera en partie derrière le rideau de fer à l’extrême fin des années 1950. Ma capacité à documenter précisément et dans la nuance le quotidien dans une ville communiste s’est rapidement heurtée à des obstacles linguistiques et des biais idéologiques flagrants dans les sources consultées. Pierre Lemaitre a donc dû se rendre sur place, utiliser d’autres canaux pour compléter mes notes. Sans parler en lieu et place dudit romancier, il me semble que cette collaboration lui apporte, non pas une garantie illusoire d’exactitude, mais un certain regard, une aptitude à trouver et à vérifier l’information, à varier les sources documentaires, et à s’approprier rapidement les enjeux historiographiques d’une question ou d’une période. Convenons que la puissance évocatrice des romans sorte finalement renforcée de ce travail d’équipe dont les deux membres ne travaillent pas dans des logiques si antinomiques.

 

Notes :

[1] À l’été 1939, le gouvernement Daladier crée un « Commissariat général à l’information » qui est transformé en ministère en mars 1940.

[2] Paul Ferdonnet (1901-1945). Journaliste et militant d’extrême droite, il devient agent de propagande radiophonique du IIIe Reich pour le compte duquel il diffuse de fausses nouvelles destinées à saper le moral des Français.

[3] Voir notamment : Didier Georgakakis, « Le Commissariat général à l’information et la drôle de guerre », dans Mélanges de l’École française de Rome. Italie et Méditerranée, tome 108, n° 1. 1996. p. 39-54.

[4] Par exemple : Roger Cardinne-Petit, Les soirées du Continental. Ce que j’ai vu à la censure, Paris, Jean Renard, 1942.

[5] Une partie des bulletins est conservée à la Bibliothèque nationale. Un fond d’archives est également disponible aux Archives nationales (AN, F/41/1 à F/41/36).

[6] Le Commissariat général à l’information s’installe dans le fastueux hôtel Continental, rue de Rivoli.

[7] « Les grandes grèves de 1948 et leur perception par la population », « Les difficultés du quotidien dans le Paris de la fin des années 1940 », « Le fonctionnement routinier d’un grand journal sur le modèle de France-Soir », « Le traitement réservé aux femmes aux Beaux-Arts »…

[8] Claude Bourdet, « Vexant et maladroit », Combat, 12 novembre 1948.

[9] Voir : Gérard Guérit, La France des villages engloutis, Éditions Sutton, 2019.

[10] Fabrice Cahen, Christophe Capuano, « La poursuite de la répression anti-avortement après Vichy. Une guerre inachevée ? » Vingtième siècle. Revue d’histoire, n° 111, 2011/13, p. 119-131.

Publié le 31 octobre 2023
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