« L’élégance de vos absences » est un projet d'écriture mémorielle, un hommage rendu à des parents disparus. Sous ce titre, le photographe Gilles Mercier met en récit une période tourmentée de son histoire familiale grâce à la découverte d'archives privées. Une exhumation documentaire qu'il transforme en immersion par la photographie, allant de la Tunisie de l'entre-deux-guerres jusqu'à l'Europe des années 1940. Pour Entre-Temps, il retrace en trois volets le parcours intime et combattant de son grand-père Pierre. Des maquis du Puy-de-Dôme au transit à Compiègne avant la déportation, en passant par la période d'emprisonnement à Clermont-Ferrand, et au fil des souvenirs d’enfance, des témoignages de parents et de compagnons de route, il nous conduit dans les méandres d’une existence faite d’engagements et de périls.
En mai 1943, Pierre alias « Maxime » a la responsabilité de l’ensemble des maquis de la région auvergnate. Le Réseau Mithridate auquel il appartient finit par être infiltré par un homme recruté par la Gestapo. Disposant de renseignements suffisants, la police politique du Reich décide alors de commencer son action. Dans la nuit du 10 au 11 octobre 1943, secondée par la Milice, elle procède à une série d’arrestations dans toute la zone sud, dont celle de Pierre. Il est envoyé à Clermont-Ferrand où, durant près de cinq mois, il occupe la cellule 42 de la prison militaire allemande du 92. Si cette prise a permis aux Allemands de mettre la main sur un certain nombre de documents, ils ne peuvent obtenir aucune information de Pierre, qu’ils classent Nacht und Nebel (ou NN, « Nuit et Brouillard »). La décision est prise de le déporter au camp de Mauthausen. Durant la période d’enfermement à Clermont, Pierre réussit clandestinement à rester en lien avec l’extérieur.