
Intérieurs. Ép. 7 : Inventaires de mémoire du mobilier des logements où j’ai habité
Entrée, salon, cuisine, chambre à coucher... Comment aménage-t-on son chez-soi ? Et les photographies, les textes qui capturent ces espaces et leur mobilier, que révèlent-ils de celles et ceux qui y ont habité ? Philippe Artières continue son exploration des intérieurs, et cette fois, c'est sur ceux dans lesquels il a lui-même habité qu'il porte un éclairage. Cette suite d'inventaires, qui superpose à des touches notariales une teinte de Prévert, déploie une autre forme d'histoire des lieux, en livrant ce que la mémoire en retient et les parcours des objets qui les meublent. En regard, il ne fallait pas moins qu'un aperçu du salon d'un célèbre docteur viennois.

Inventaire des meubles de mon logement, avril 2020. 5e étage, rue Saint Martin, 75003 Paris – 24m2
- un meuble cuisine comprenant évier, 2 plaques électriques, 1 four à micro-onde et un réfrigérateur Largeur 45/Hauteur 45/Profondeur 40 ;
- un tabouret haut carré, bois naturel verni chêne, premier XXe siècle ;
- un tabouret haut rond, noir, 4 pieds ;
- une table de dessin industriel, plateau bois, format carré (100/100 cm), pied unique avec 3 pattes ; années 1960 ;
- une chaise métal et bois, années 1960 ;
- un lit, sommier et matelas 90/190 cm ;
- un tabouret bas, 3 pieds, Charlotte Perriand, modèle Berger ;
- une chaise modèle 3103 Arne Jacobsen 1957 et table bois et métal noir Arne Jacobsen ;
- un petit meuble bas, bois plaqué gris et noir avec un tiroir, design scandinave, années 1960 ;
- une caisse en bois 120/120 cm ;
- une bibliothèque, bois blanc, 6 étagères, modèle Habitat L50/H160/P15 ;
- deux bibliothèques identiques, 4 étagères L50/H200/P40 modèle Muji ;
- un lit matelas et sommier cadre métallique à lattes 190/140cm ;
- six coussins en tissu, coton gris 45/45 cm ;
- un coussin bleu nuit 45/45 cm ;
- deux petits coussins bleu foncé 30/30 cm ;
- un meuble à pharmacie L15/H100/P50 cm ;
- un miroir rectangulaire salle-de-bain ;
- une mini-poubelle de salle-de-bain.
Listes des meubles dont je me souviens de mon logement dit Atelier Falguière, villa Medicis, Rome, avril 2011 :
- un lit, sommier et matelas 90/190 cm ;
- un lit matelas et sommier ;
- un petit lit pliant ;
- un immense bureau avec plateau, 4 carrés, gris, réalisé par Peduzzi ;
- un grand buffet avec tiroir en bois, style Empire ;
- un fauteuil en velours moutarde ;
- un paravent à 3 volets en bois peint de couleur bordeaux ;
- des mini-futons de jardin ;
- des chaises Ikea ;
- des chaises pliantes ;
- une table basse Ikea ;
- une grande armoire en bois ;
- une lampe halogène.
Liste des meubles dont je me souviens dans mon logement 40 boulevard du Temple, 75011 Paris, 2008-2014 :
- un salon modèle Kimimoi tissus multicolores (rose, violet, pourpre) Roche Bobois ;
- une table basse à plateau modulable noire « japonaise » ;
- un fauteuil Maurice ;
- un fauteuil Voltaire ;
- une grande table ronde en marbre gris modèle dit Tulip E. Saarinen de chez Knoll ;
- 6 chaises “africaines” structure métal noir tissé avec fibres plastiques violettes, roses et vertes ;
- 2 chaises pliantes transparentes Knoll achetées sur une brocante ;
- une grande bibliothèque blanche sur roulette, modèle Habitat ;
- une petite table d’atelier de l’usine de mes grands-parents à Millau ;
- 4 grandes bibliothèques modèle Kalax marque Ikea ;
- 1 table de nuit rouge métallique marque Ikea ;
- 1 table de nuit en bois repeinte en violet ;
- 1 meuble bas avec porte repeint aussi en violet ;
- 1 grande planche en bois clair avec deux tréteaux métalliques noirs ;
- 1 piano ;
- 1 grande télévision plate de marque Sony ;
- 1 arbuste ficus dans un bac “Riviera” blanc.
Liste des meubles dont je me souviens dans mon logement 31 rue Bellier-Dedouvre, 75013 Paris, 2002-2008 :
- un fauteuil en velours rouge avec franges hérité de ma grand-mère paternelle ;
- un grand garde-manger en bois peint grillagé hérité de ma grand-mère paternelle ;
- un miroir avec cadre doré hérité de ma grand-mère paternelle ;
- une petite table basse ronde peinte en blanc ;
- un fauteuil Maurice hérité de ma grand-mère paternelle ;
- un fauteuil Voltaire hérité de ma grand-mère paternelle ;
- un petite table de jardin en fer verte avec deux chaises ;
- un canapé recouvert d’un patchwork bariolé acheté à New York ;
- une télévision B&O bois acajou ;
- une commode en cerisier avec un grand tiroir ;
- un bureau composé d’une plaque de verre fumé et de deux tréteaux en chêne vernis ancien ;
- un petit lit bateau en bois ;
- un piano droit ;
- une cuisine encastrée
- un futon 2 places ;
- 2 futons d’une place ;
- 1 lit bébé parapluie ;
- une guirlande lumineuse de cubes de papier Tsé & Tsé acheté pour fêter mon entrée au CNRS en 2000 ;
- une conversation en métal offerte par ma sœur et mon beau-frère pour notre mariage ;
- une grande table ronde en marbre gris modèle dit Tulip E. Saarinen de chez Knoll ;
- 6 chaises “africaines” structure métal noir tissé avec fibres en plastique violettes, roses et vertes. ;
- un grand coussin fauteuil dit “Fat boy” rose fuschia. ;
- une lampe halogène noire ;
- un olivier en pot ;
- un arbuste ficus dans un bac “Riviera” blanc.
Liste des meubles dont je me souviens de mon logement place d’Italie, angle boulevard Blanqui, 3e étage, au-dessus du Café de France, 75013 Paris, 1998-2002:
- un salon en cuir marron venant de la maison des parents de B. en Martinique, début des années 1980 ;
- un rocking-chair en bois clair verni ayant appartenu au père de B. ;
- une table de cuisine en Formica ayant appartenu à mes parents au début de leur mariage, fait sur mesure par un menuisier ;
- un bureau composé d’une plaque de verre fumé et de deux tréteaux en chêne vernis ancien ;
- 4 chaises avec assise en paille ;
- un arbuste ficus dans un bac “Riviera” blanc.
Liste des meubles dont je me souviens de mon logement rue Voltaire, 75011 Paris :
- un canapé bleu Ikea ;
- un bureau composé d’une plaque de verre fumé et de deux tréteaux en chêne vernis ancien ;
- une bibliothèque noire à caisson ;
- un magnétoscope
- une petite télévision de marque Sony
Liste des meubles dont je me souviens de mon logement dans le gite rural de Notre-Dame du Bec, 1993-1994
- un buffet normand ;
- un canapé lit à ressort habillage bois et coussins jaunes ;
- une table et 6 chaises « rustiques » ;
- une tapisserie, scène agricole ;
- une table de cuisine avec carreau de céramiques beiges.
Liste des meubles dont je me souviens dans le studio de B. rue des Grands-Augustins, 75006 Paris, 1991-1992.
- un piano et son tabouret ;
- un lit une place grande taille réalisé sur mesure pour le frère de B. ;
- une table basse couleur bois rouge modèle Ikea ;
- une bibliothèque noire à caisson ;
- une chaise de bureau noir moderne ;
- deux chaises à lattes pliantes en bois, couleur bois exotique ;
- un bureau composé d’une plaque de verre fumé et de deux tréteaux en chêne vernis ancien ayant appartenu au père de B.
Liste des meubles dont je me souviens dans la chambre de la résidence universitaire, bâtiment de Kooning, Université Laval, Québec, septembre 1990 :
- un matelas
- un petit réfrigérateur cube
- un bureau et une bibliothèque encastrés de couleur neutre
- un téléphone Bell bleu
Liste des meubles dont je me souviens de l’appartement que je partageais avec ma sœur Cécile, rue de la Bonne-Aventure à Versailles de 1986 à 1990 :
- un bureau composé d’une grande planche d’un tréteau noir métallique et d’un meuble à tiroir noir ;
- une bibliothèque métallique noir type garage ;
- un fauteuil noir avec armature métallique tubaire et tissu de l’assise noires ;
- un lit une place à tiroir ;
- une bibliothèque en pin type Pier import ;
- un grand lit avec tête en merisier ;
- un ensemble de grands coussins recouverts de tissus indiens violets ;
- une bibliothèque basse en bois sombre ayant appartenu à ma mère lorsqu’elle était célibataire à Metz ;
- une table de cuisine en Formica, avec autocollant ;
- deux ou trois chaises cannées pliantes métalliques rouges ;
- un meuble de cuisine peint en blanc, en deux morceaux superposés, années 1960.
Liste des meubles dont je me souviens de l’appartement familial à Versailles dans la résidence Champs-Lagarde, immeuble 8 « Pralin Cavalerie », rdc-face, 1970-1986 (et où ma mère vit aujourd’hui encore).
- une grande armoire Louis XVI ;
- un lit à deux grands tiroirs ;
- un tour de lit en bois et tissu ;
- une bibliothèque avec crémaillères ;
- une table de cuisine en Formica, avec autocollant, me servant de bureau ;
- une chaise ;
- un tabouret trois pieds, en bois massif sombre, style rustique ;
- un buffet avec un grand tiroir ayant appartenu à une tante de mon père ;
- un grand miroir mural ;
- deux bureaux métalliques orange avec tiroirs ;
- deux chaises de bureau sur roulettes ;
- deux lits une place ;
- une petite commode marquetée style Louis XV ;
- un meuble d’entrée en bois surmonté d’une fontaine en cuivre ;
- une chaise rustique en bois plein ;
- une armoire-penderie ancienne ;
- une grande table rectangulaire en bois cirée avec 4 pieds colonne et une barre centrale ;
- 4 chaises à montants noirs métalliques peints et une assise en tissu toile de Jouy ;
- une commode style Louis XV en marqueterie, dessus marbre, 3 tiroirs ;
- une table basse ronde avec carreaux de céramique abstraits années 1950 ;
- un salon années 1950-1960 en velours frappé jaune ;
- un grand buffet rustique avec charnière apparente 3 portes et tiroirs ;
- une table trépied marqueté d’un chardon lorrain signé Émile Gallé ;
- une lampe à abat-jour en parchemin avec pied constitué par un vase “chinois” ;
- un paravent en tapisserie cachant la télévision ;
- une chaise AA Butterfly avec housse orange ;
- un coffre rustique servant de bar ;
- un bureau (table et fauteuil) style Empire ;
- une armoire bergère ;
- une bibliothèque moderne composée d’étagères et d’une partie vitrine ;
- un crucifix en ivoire et ébène ;
- un grand lit avec tour canné ;
- une table de nuit haute avec de nombreux petits tiroirs ;
- une petite lampe de chevet en porcelaine ;
- une peau de chèvre.
Par ailleurs : Le salon de Freud
Planche 46
Le salon familial, avec le salon de la tante Minna en arrière-plan.
C’est dans cette calme pièce que pénétrèrent les SS en mars 1938. Martha Freud, avec son mélange d’aplomb et de retenue, demanda aux nazis de laisser leurs fusils à l’entrée dans le porte-parapluie, et les invita à s’asseoir. Ils confisquèrent les passeports et prirent tout l’argent qui se trouvait dans le coffre-fort (6 000 shillings autrichiens, soit environ 4 000 francs actuels). Freud observa plus tard que lui-même n’avait jamais reçu pareille somme pour une telle visite.
Rita Ransohoff
La Maison de Freud, Berggasse 19, Vienne, Paris, Seuil, 1979.
