Façonner

L'histoire sous vitrine: archives matrimoniales

Entre-Temps se prête au jeu d’un nouveau format : le récit d’une mise en vitrine de l’histoire. Dans un musée, dans un métro, dans un resto ou tout simplement dans son salon, l’histoire se donne aussi à voir sous vitrine. Il s’agit, dans cette nouvelle série, d’explorer les motifs d’une écriture exposée de l’histoire, à partir de la photo prise d’un de ces espaces devant lesquels on s’arrête. Aujourd'hui, Pauline Guillemet part à Arles au Museon Arlaten, pour parler mariage.

Il y a un an, avec l’équipe des Ateliers Médicis de Clichy-Montfermeil, le comité éditorial d’Entre-Temps a réfléchi à une manière de dire et de faire de l’histoire qui soit collective et chorale mais aussi exigeante. De cette réflexion sont nés deux ateliers, qui se sont tenus en juin dernier et qui ont fait l’objet d’un précédent article.

Notre point de départ était alors une couronne de mariée que l’un de nous avait achetée quelques mois plus tôt sur une brocante parisienne pour une vingtaine d’euros, sans en connaître ni la provenance, ni l’histoire. Emballée dans un mouchoir, elle était conservée dans une boîte aux côtés d’un dépliant où était inscrit le menu des deux repas du mariage, la liste des vins et la date du mariage : 15 janvier 1957. C’est à partir de ces trois objets : la couronne, la boite et le menu, que nous avons composé, avec un public chargé d’objets lui aussi – il avait été demandé aux participant.es de venir accompagné.es d’un élément qui fasse écho à la couronne – une histoire du mariage.

Quelques mois plus tard, au Museon Arlaten de Arles, ce n’est plus dans une boîte ni sous une cloche mais dans une vitrine qu’on trouvait ces couronnes de mariées et le voile qui les accompagne.

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Vitrine de l’exposition « Oui ! Histoires de mariages 18e-21e siècle ». Photographie de l’auteure.

« Oui ! Histoires de mariages 18e-21e siècle » était la première exposition temporaire du Museon Arlaten depuis qu’il a rouvert ses portes en 2021, après une rénovation architecturale et muséographique. Y était posée la question de l’évolution du rite du mariage, depuis la France d’Ancien Régime jusqu’à aujourd’hui.

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Vitrine de l’exposition « Oui ! Histoires de mariages 18e-21e siècle ». Photographie de l’auteure.
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Vitrine de l’exposition « Oui ! Histoires de mariages 18e-21e siècle ». Photographie de l’auteure.

Les objets présentés – des éléments du trousseau aux instruments et accessoires de l’EVG et de l’EVJF (Enterrement de Vie de Garçon et Enterrement de Vie de Jeune Fille) – étaient issus des collections du musée mais également des pratiques archivistiques personnelles des Arlésiens et des Arlésiennes. Invité.es à contribuer au parcours muséographique, le public du musée est venu nourrir de ses propres archives les vitrines de l’exposition. C’est alors que, mariés en 2018, Guillaume et Thomas ont proposé aux commissaires de l’exposition les goodies de leur mariage (stickers, briquets, conserves) qui ont trôné sous un panneau de plexiglas avant de rejoindre les collections du musée, accompagné également de leur dernière To-do list manuscrite rédigée avant le Jour J.

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Vitrine de l’exposition « Oui ! Histoires de mariages 18e-21e siècle ». Photographie de l’auteure.

De la couronne de fleurs aux magnets de frigo « Just Married », l’histoire du mariage s’écrivait alors aux travers de ces objets que la collecte muséographique et la mise sous vitrine instituaient comme archives. Leur intégration aux collections du musée résonne singulièrement avec l’ambition ethnographique de Frédéric Mistral qui fonda le Museon Arlaten en 1896.

Publié le 27 juin 2023
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