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Renaissance visuelle : le patrimoine photographique arabe

En 2019, la Fondation Arabe pour l’Image a lancé son nouveau site internet, permettant la consultation des quelques 25 000 images de sa collection. Découvrez ce patrimoine visuel d'une richesse exceptionnelle.

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La Fondation a été créé en 1997 à Beyrouth, au Liban, avec pour but d’identifier, de collecter et de restaurer le patrimoine photographique des pays du Moyen Orient et du Maghreb ainsi que de leurs diasporas. Les co-fondateurs, les photographes Akram Zaatari, Fouad ElKoury et Samer Mokdad, ont tous en partage une préoccupation particulière pour les images de la vie quotidienne, qui permettent d’enrichir une histoire sociale des pays de la région.

Depuis sa création, le fonds a grandi d’abord par acquisitions, puis par donations en fonction des projet artistiques et universitaires. Ainsi, on y trouve les images du photographe Hashem el-Madani, de Saida, étudiées par Akram Zaatari, qui durant plus de 50 ans a réalisé dans son studio des portraits, sillonnant également la ville pour photographier les habitants de sa ville sur leurs lieux de travail. Sont également présentes les archives d’autres studios, comme le studio Merazi d’Alger, qui donnent à voir la façon dont, à différentes époques, on se met en scène devant l’objectif. À l’heure actuelle, environ la moitié du fonds est constitué de photographies amateurs, et on trouve sur le site la trace des projets artistiques individuels qui ont permis la découverte des fonds privés, comme ceux de la photographe et artiste marocaine Yto Berrada, et ses « Albums marocains ».

Le nouveau site de la Fondation est lancé à un moment où beaucoup s’inquiètent de la perte d’archives images, film ou sons du Moyen Orient. Dans des pays jeunes, où les États n’ont pas développé les ambitieuses politiques archivistique des États plus riches, cette histoire qui n’a pas encore été écrite dépend d’archives fragiles. Il en va ainsi du patrimoine musical arabe qu’aucune institution ne conserve encore de façon systématique, tandis que des chaînes privées comme Rotana enrichissent leurs catalogues en rachetant les droits de productions passées ; ou le patrimoine télévisuel des différents pays, partiellement consultable grâce à des initiatives individuelles et sauvages notamment sur Youtube, mais dans une qualité pauvre et de façon précaire. La Fondation répond donc à une nécessité urgente de préservation du patrimoine photographique arabe. Elle le fait en variant ses financements pour s’assurer de l’autonomie. Si le site est encore un peu difficile à utiliser, il offre néanmoins d’ores et déjà aux amateurs d’images ou aux chercheurs des sources passionnantes.

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Publié le 29 juillet 2019
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