Exhumer

L’histoire, au corps-à-corps

Patrick Boucheron

Gilles Amalvi

Boris Charmatz

Patrick Boucheron

Gilles Amalvi

Gilles Amalvi est poète, critique de danse et créateur sonore. Il a publié "Une fable humaine" et "AïE! BOUM" aux éditions Le Quartanier. Depuis Radio-Epiméthée, version scénique et radiophonique de "Une fable humaine", il se consacre à l'exploration de l'écrit par le matériau sonore. Parallèlement, il a été écrivain associé au Musée de la danse, et il écrit pour le festival d'Automne, le CND, ainsi que pour les chorégraphes Boris Charmatz, Jérôme Bel, Maud le Pladec, Latifa Laâbissi, Anne Teresa de Keersmaeker, Ivana Müller. En tant que dramaturge, il a collaboré avec les chorégraphes Saskia Hölbling, Nasser Martin-Gousset, Emmanuelle Huynh et Pol Pi, pour qui il a réalisé la création sonore de la pièce Alexandre et de la performance Là. Il a également conçu la création sonore du projet "Une Hantologie" du metteur en scène Antoine Cegarra et travaille actuellement sur sa prochaine création, "Cantique quantique".

Boris Charmatz

Danseur, chorégraphe et directeur artistique de [terrain], Boris Charmatz soumet la danse à des contraintes formelles qui redéfinissent le champ de ses possibilités. La scène lui sert de brouillon où jeter concepts et concentrés organiques, afin d’observer les réactions chimiques, les intensités et les tensions naissant de leur rencontre. De 2009 à 2018, Boris Charmatz dirige le Musée de la danse, Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne. En janvier 2019, il lance [terrain], structure implantée en Région Hauts-de-France.

Au mois de septembre se rejouait à la Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis "La Ruée", performance collective orchestrée par le chorégraphe Boris Charmatz et inspirée par l'"Histoire mondiale de la France". Quelques semaines plus tard, chorégraphe et historien dialoguaient à Bobigny sur ce que le critique Gilles Amalvi a appelé une "transe-histoire de la France". Patrick Boucheron revient aujourd'hui sur cette histoire au corps-à-corps.

La Ruée © Martin Argyroglo

En ces temps épidémiques, le thème, pourtant bien classique, de la transmission de l’histoire peut prendre une densité particulière. Mais aussi des détours inattendus. Car il n’est assurément pas banal de voir un livre d’histoire adapté en spectacle de danse. C’est pourtant ce à quoi s’est risqué le chorégraphe Boris Charmatz, le 24 novembre 2018, en investissant le TNB de Rennes de La Ruée. On y a vu, avec émotion et reconnaissance, un collectif artistique s’emparer du travail d’un collectif d’historiennes et d’historiens, celui qui fut rassemblé pour l’Histoire mondiale de la France (2017), et qui s’égayait là, avec rigueur et audaces, donnant corps aux savoirs et aux saveurs de l’histoire.

Dans «La Ruée : une transe-histoire de la France », Gilles Amalvi, artiste lui-même et critique de danse, revient sur cette expérience scénique qui donne à comprendre, et surtout à ressentir, une chorégraphie des intensités du souvenir. Lorsque La Ruée déboula à nouveau à la MJC93, les 18 et 19 septembre 2020, c’était dans un tout autre contexte, qu’électrisait l’entre-deux confinements. Dans le cadre de la série de rencontres « Toute notre histoire », toujours à Bobigny, Boris Charmatz évoque cette mise à l’épreuve de la transmission de l’histoire par les élans collectifs du corps, dans la continuité de son travail sur le Musée de la danse. Car c’est bien de cela dont il s’agit : du corps comme archive de la mémoire du monde, et de sa capacité à transmettre l’histoire.

 

Publié le 2 février 2021
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