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Le Jugement dernier de Jérôme Bosch, un événement visuel

Le Jugement dernier de Jérôme Bosch constitue un événement visuel dans l’histoire de l’art. Il a façonné notre représentation de cet épisode biblique. En 2015, la metteuse en scène Linda Duskova en a fait le sujet de sa pièce Tue, hais quelqu’un de Bien.

Il y a quelques années, à la demande de la metteuse en scène Linda Duskova, Dominika Grygarova et Petr Adamek, tous les deux historiens de l’art, ont réalisé un travail de recherche au sein de l’Institut National pour la Santé Mentale de Klecany en République Tchèque. Ils ont développé une méthode « d’eye – tracking » qui leur a permis de suivre le trajet des yeux d’une trentaine d’observateurs devant le Jugement dernier de Jérôme Bosch. À partir de cette recherche, Linda Duskova et Lara Hirzel ont identifié les situations du tableau auxquelles les observateurs consacraient le plus de temps. Elles ont ensuite procédé à un travail de recueil de témoignages de nouveaux observateurs. La diffusion de ces témoignages marque le début de la pièce Tue, hais quelqu’un de Bien qui a été créée en décembre 2015 au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique dans le cadre du doctorat artistique SACRe au sein duquel Linda Duskova a été admise en 2013.

Le tableau de Bosch constitue un événement visuel dans l’histoire de l’art qui a façonné notre représentation du Jugement dernier. Les créatrices de la pièce se sont demandé comment les observateurs de ce tableau se laissaient guider par la peinture et comment ils cherchaient à se l’approprier ou à s’y placer. Les premiers témoignages audio sont accompagnés, sur scènes ne, d’une projection resserrée et itinérante de l’œuvre sur des panneaux en tissus. La distance qui s’installe entre la réalité du motif et le souvenir des témoignages illustre la manière dont l’œuvre a travaillé l’imaginaire.

C’est ensuite par le biais de panneaux vivants où le dispositif visuel photographique prend toute sa place que la question du Jugement dernier, comme élément constitutif d’un système de morale partagé par tous, est abordé.

La pièce, qui dure un peu plus d’une heure, propose une navigation entre la matérialité du tableau et ses réinterprétations contemporaines. Objet de projections qui marque un point d’ancrage pour nos représentations du sentiment de culpabilité, ce tableau interroge les liens entre histoire de l’art et imaginaire collectif.

Linda Duskova a accepté de rendre publique la captation de la pièce pour la revue Entre-Temps. 

Publié le 7 mai 2018
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