Imprimés à Lyon, une capitale du livre à la Renaissance
Dans une série de six étapes, historiens du livre, de l’art et conservateurs de bibliothèques et de musées reviennent sur la fabrication et les circulations des livres produits à Lyon au XVIe siècle. Cette série d’entretiens filmés met en avant une approche visuelle et matérielle des mondes de l’imprimé. C’est notamment la reconstitution des outils permettant de produire un livre à la Renaissance, de la fabrication du papier à l’impression. L’ensemble constitue également une introduction au travail de l’historienne américaine Natalie Zemon Davis, retraçant son parcours professionnel et intellectuel de l’histoire culturelle de l’imprimé à l’histoire des femmes et de la globalisation des marchés du livre. Au final, ce projet, conçu par Michel Jourde (IHRIM - ENS de Lyon), nous plonge dans les boutiques des libraires lyonnais où se côtoient ouvriers, financiers, écrivains, entrepreneurs et lecteurs-spectateurs.
Au XVIe siècle, Lyon fut, avec Paris, Venise, Anvers, Bâle ou Francfort, une des capitales européennes du livre. La ville participait ainsi d’un mouvement européen, par lequel une nouveauté technologique apparue en Allemagne au milieu du siècle précédent (l’impression à caractères mobiles) devenait le vecteur de multiples changements, culturels, linguistiques, artistiques, sociaux, religieux. Mais elle le faisait avec son caractère propre : dynamisme économique d’une ville cosmopolite située au carrefour des voies du commerce européen, absence d’une université ou d’un parlement susceptibles d’exercer un strict contrôle sur la production et la circulation des livres. L’historiographie traditionnelle s’est longtemps contentée de célébrer les noms des grands acteurs de cet « âge d’or du livre lyonnais », imprimeurs, marchands, ou les deux à la fois : Sébastien Gryphe, Étienne Dolet, Jean de Tournes, Guillaume Rouillé. Depuis une cinquantaine d’années, les historiens ont montré comment ces hommes – parfois des intellectuels devenus entrepreneurs, parfois des techniciens devenus hommes de savoir – ont inscrit leur activité dans un tissu social riche et complexe, s’en nourrissant et le nourrissant en retour.
Cette série de films envisage le livre lyonnais du XVIe siècle sous ses différents aspects : ses conditions de production (matérielles, sociales, intellectuelles), sa diffusion, ses usages, sa conservation et sa valorisation à l’ère numérique, les recherches qui lui sont consacrées aujourd’hui. Elle fait ainsi se croiser les interventions de chercheurs de différentes disciplines (histoire du livre, histoire de l’art, histoire culturelle…) et de conservateurs de bibliothèques et de musées.
Retrouvez les différents films et l’ensemble du projet en suivant ce lien.