Fossés, enceintes et peste noire en Afrique de l’Ouest forestière
Dans une série d'articles récents, l'historien de l'Afrique Gérard Chouin piste les sillages ténus de la peste noire en Afrique subsaharienne. Cette histoire est celle de silences dont il propose une "exploration critique", résolument collective et interdisciplinaire. Ainsi en Afrique de l'ouest forestière, où l'identification minutieuse d'un phénomène d'abandon des sites à enceintes au XIVe siècle éclaire peut-être une autre histoire de la peste.
L’histoire de la zone forestière de l’Afrique de l’Ouest avant le xve siècle demeure mal connue. Malgré des découvertes archéologiques majeures au xxe siècle, la région n’a pas suscité le même intérêt de la part de la communauté scientifique que les régions sahariennes et sahéliennes, notamment en termes de processus d’urbanisation. Pourtant, de la Côte d’Ivoire au Nigéria, des systèmes complexes de talus et de fossés attestent la montée en puissance de réseaux de villes et de territoires retranchés à l’époque médiévale. L’étude de la chronologie, de l’expansion, de l’agencement et de l’abandon de ces enceintes, qui remplissaient probablement différentes fonctions, a le potentiel de changer radicalement notre perception de l’histoire de la région sur la longue durée. Dans un article récent intitulé « Fossés, enceintes et peste noire en Afrique de l’Ouest forestière (500-1500 AD) », l’historien de l’Afrique Gérard Chouin suggère qu’un abandon massif des enceintes se produisit au XIVe siècle, peut-être en lien avec la pandémie mondiale de peste noire.
Lire l’article sur la revue en ligne Afrique : Archéologie & Arts
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Visionner le 9e cours de Patrick Boucheron sur la peste noire, intitulé « Histoire de ses silences : le Tout-Monde de la peste » sur le site du Collège de France.