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East End, l’histoire déroulée

À l’heure d’une approche historienne de plus en plus ouverte sur les histoires du monde, il n’est pas rare de devoir superposer des frises chronologiques pour chercher la juste correspondance des temps et des événements. Dans sa dernière création intitulée « East End, Là où vers l’Est finit la ville », Georges Peignard, plasticien et sculpteur, enseignant à l’École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne, cherche à retranscrire l’expérience de ces correspondances temporelles. À partir d’une installation créée à partir de sculptures, de maroinettes, de maquettes et d’objets divers mis en scène dans une pièce de 6 mètres sur 6, Georges Peignard livre dans un second temps un récit historique numérique, surprenant, entre défilement, accumulation et « déroulé » des événements. Par le biais de collage de documents, de photographies de l’installation, de dessins et de textes narratifs, on découvre peu à peu, au fil des chapitres, une expérience de lecture combinée, où chaque frise délimite un espace-temps et vient se superposer à la précédente. L’ensemble effleure, avec délicatesse, poésie et gravité, la première mondialisation durant la période victorienne et nous offre une expérience des « textures du temps » tout à fait passionnante.

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« Mon langage s’est essentiellement bâti par la sculpture. Toucher, tailler, creuser ont été des composantes bien antérieures au fait de décider d’inscrire ce que j’y désirai au sein d’études, d’une profession, d’un ensemble qui s’identifierait comme Art ou du moins création. Les traces d’une histoire rurale ou ouvrière (déjà arrêtées) composaient les objets et les gestes de mon enfance. J’ai emmené avec moi un monde d’outils et d’actions qui disparaissaient des campagnes et des usines, ceux qui avaient constitué les sujets des verbes être et avoir de beaucoup des membres de ma famille. Tout ceci ne fut aucunement un acte lié une volonté consciente ou même nostalgique. C’est simplement le long compagnonnage de ces gestes premiers qui ont fondé mon vocabulaire. Paradoxalement, ce désir de la résistance et du poids des choses, je les ai inscrits dans les gènes de l’illusion et la magie des présences « représentées ».

« East End, Là où vers l’est finit la ville », emporte avec lui toutes ces dimensions. J’ai construit ce roman en sculpture puis en images par un tissage de trois mémoires parallèles. La première est celle d’un lent retour se situant dans les années 1880, partant des montagnes d’Afghanistan jusqu’à l’Angleterre. Par étapes, l’Indonésie, L’Afrique du Sud, les côtes namibiennes, l’embouchure du fleuve Congo pour remonter la Tamise jusqu’aux docks de Londres. Comme autant d’évènements qui ponctuèrent la géographie de l’Empire colonial britannique »

Georges Peignard

 

Vous pouvez découvrir « East End, Là où vers l’est finit la ville » en cliquant sur ce lien. 

 

Publié le 22 février 2019
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