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Les Lebensborn au théâtre. Retour avec la compagnie pARTage sur une écriture collective d’histoires, d’origines & de générations

L'histoire des Lebensborn, pouponnières nazies qui ont alimenté de nombreux fantasmes, commence à peine à être connue ; celle du devenir des enfants victimes de ce programme nazi l'est encore moins. La compagnie pARTage crée une pièce de théâtre sous forme d'enquête qui conduit une mère et une fille, au début des années 2000, jusqu'aux archives, aux Lebensborn et dans leur passé familial. Avec les quatre co-auteurices, nous revenons sur le passage d'une histoire personnelle à une pièce qui questionne les temporalités, les générations et les héritages.

Séverine Cojannot, Camille Laplanche, Matthieu Niango et Jeanne Signé sont membres de la compagnie pARTage.Toustes quatre arrivent au bureau d’Entre-Temps un après-midi de janvier. J’ai tenu à les recevoir en groupe, à les écouter ensemble, sur le ton de la conversation, car c’est à quatre qu’il et elles ont pensé et écrit une pièce de théâtre qui sera créée à La Reine blanche (Paris, 18e arrt.), avec 15 représentations à partir du 10 février 2024.

Cette pièce s’intitule Les petits chevaux, une histoire d’enfants des Lebensborn. En voici l’argument : dans les années 2000, une femme âgée de 40 ans, Violette, apprend que sa mère a été adoptée. Elle la pousse alors, non sans mal, non sans douleur de l’une comme de l’autre, à retrouver ses origines. Ainsi démarre une enquête qui les conduit en Allemagne, aux archives et jusqu’aux Lebensborn nazis ; une quête qui les conduit à interroger leurs héritages, à éprouver leur filiation, à se reconstruire une famille.

Lebensborn

LebensbornLe terme évoque encore à peine quelque chose de précis, aujourd’hui, en France. On peut tout de même lire à leur sujet le livre du journaliste Boris Thiolay (Lebensborn, la fabrique des enfants parfaits, Flammarion, 2012) ou la récente bande dessinée d’Isabelle Maroger (Lebensborn, Bayard, 2023). L’action de l’Association pour la mémoire des enfants des Lebensborn, créée en 2016, commence aussi à porter ses fruits. 

Les premiers Lebensborn remontent au milieu des années 1930. Le Reichsführer-SS Heinrich Himmler met en place l’association Fontaine de vie (« Lebensborn ») pour accueillir dans des hospices des filles-mères de « bonne race », pour qu’elles y accouchent et y élèvent leur enfant aryen dans les meilleures conditions. L’institution se développe en Allemagne, puis dans les pays occupés, dont la France. En 1945, on compte en tout onze établissements. Environ 20 000 enfants y sont passés en dix ans, dans trois cas de figure, que présente Matthieu Niango, co-auteur de la pièce :

Le premier cas, ce sont les enfants de filles-mères. Cela rentre dans l’espèce de programme social du nazisme. Et quand les enfants ont 4-5 ans, on les fait adopter par des familles exemplaires. Deuxième cas : des SS, principalement, venaient avec leur épouse ou leur maîtresse déposer un enfant. Enfin, surtout en Europe de l’Est, il y a eu toute une vague d’enfants volés, parfois à des résistants arrêtés ou tués, parfois par des infirmières qui faisaient les sorties d’école.

Ces institutions concrétisent l’idée d’élever des enfants de race parfaite. En revanche, il faut se détacher du fantasme selon lequel ces lieux auraient été destinés à l’accouplement procréatif ; voire à des formes de débauche aryenne. Il n’existe aucune preuve de cela, et ce n’est pas ainsi qu’ils sont pensés par le pouvoir nazi. Matthieu l’affirme, « ce ne sont pas des haras ».

L’histoire des origines

Pourquoi avoir choisi d’écrire une pièce sur les Lebensborn ? Tout commence par une histoire de famille : la mère de Matthieu, Gisèle Niango, est une enfant des Lebensborn. Camille Laplanche, co-autrice et présidente de la compagnie pARTage, y revient :

La genèse c’était ça : Gisèle, qui est aussi ma belle-mère, et son ami Walter Beausert, aujourd’hui décédé, tous deux enfants des Lebensborn, étaient empêtrés dans leur douleur. Ils avaient besoin d’être reconnus, de faire connaître cette histoire, mais ils étaient trop empêchés. Ils avaient besoin d’un tiers.
En 2016, je me suis chargée de rédiger des statuts et l’on a fait naître l’Association pour la mémoire des enfants des Lebensborn. Une des premières actions de l’association a été de faire poser une plaque commémorative à Commercy, dans la Meuse, là où sont arrivés les enfants en France après la guerre. Pour la petite campagne de financement participatif de la plaque, Matthieu a rédigé un très beau mail qui expliquait l’histoire de sa maman. Et là vous, Jeanne et Séverine, vous avez été émues. Et vous avez dit : personne ne connaît cette histoire, il faut en faire quelque chose. Parfois, quand l’histoire est obscure, il faut l’art pour la faire connaître.  

C’est ainsi que Matthieu s’est agrégé à la compagnie pARTage pour un projet d’écriture commune qui a ouvert de nouvelles perspectives aux réflexions de la compagnie. Ces réflexions, Séverine Cojannot, co-autrice et comédienne, fondatrice de la compagnie, me les présente :

La compagnie pARTage interroge la place des femmes dans la société et dans l’histoire. Nos dernières créations ont porté sur le rôle des femmes dans les conflits armés. Les Hommes de Charlotte Delbo (2015) évoquait la vie d’un groupe de femmes résistantes incarcérées au Fort de Romainville en 1942. Le texte était un inédit qu’on a découvert par l’ayant-droit de l’autrice. Et Jeanne d’Arc de Monica Guerritore (2020) revisitait la figure héroïque de la « sainte guerrière » et l’instrumentalisation de son corps dans son procès.
Quand Matthieu nous a appris les origines de sa maman, il nous a tout de suite apparu essentiel de porter sur scène cette histoire méconnue, comme un prolongement de notre investigation sur le statut des femmes durant la Seconde Guerre mondiale. 

De l’histoire personnelle à la fiction sensible

Pour Jeanne Signé, co-autrice et metteuse en scène, la rencontre avec les anciens enfants des Lebensborn à l’occasion d’une assemblée générale de l’association a constitué un moment décisif dans les choix d’écriture qui ont été faits :

J’ai été très émue par la relation des enfants des Lebensborn (qui ont aujourd’hui 80 ans) entre eux, et notamment par celle des deux fondateurs, Walter et Gisèle, qui s’appelaient mon petit frère, ma petite sœur. Au-delà de leur histoire douloureuse, ils avaient un peu refait famille ensemble. En tout cas, ils avaient un parcours commun, la volonté de s’aider pour chercher leurs origines, leur famille ; la volonté, aussi, de tendre la main à d’autres enfants issus de ce programme nazi et de transmettre leur histoire. 
Je pense que c’est vraiment ça qui nous a convaincues que cette histoire était extraordinairement importante à mettre sur un plateau, à faire vivre. C’est aussi cette rencontre qui nous a décidées à ne pas proposer une pièce qui se passerait uniquement dans les années 1940, mais à raconter l’histoire d’une femme qui découvre à 40 ans que sa mère a été adoptée, que celle-ci n’a jamais fait de recherche sur cette adoption. La pièce remonte le passé avec ces deux personnages, Hortense et sa fille Violette, nous fait vivre une enquête qui nous emmène jusqu’aux Lebensborn. Mais nous avons voulu vraiment partir de ce que nous sommes aujourd’hui. Il y a quelque chose d’universel dans la découverte d’un secret familial.

La pièce explore plusieurs temporalités, plusieurs espaces. Séverine souligne que le Prologue pose explicitement cet enchevêtrement. Chaque personnage a sa propre histoire des Lebensborn, la questionne et questionne celle des autres. 

Il était très important pour les co-auteurices de ne pas simplement adapter au théâtre un témoignage sur les Lebensborn. Camille explique que les sources d’inspiration ont été nombreuses :

On a mixé certains éléments de l’histoire de Gisèle et de Walter, donc deux témoins, deux victimes. On a aussi puisé notre inspiration dans celle de Matthieu, qui a mené une enquête aux archives avec Gisèle, comme le fait Violette avec Hortense dans la pièce. On a repris des éléments de La fabrique des enfants parfaits de Boris Thiolay et notamment le témoignage d’une femme allemande qui avait retrouvé sa demi-sœur française, témoignage qui a particulièrement touché Séverine. On voulait dépasser l’histoire singulière pour essayer d’embrasser différents parcours d’enfants des Lebensborn.

Il n’a cependant pas été tout de suite facile pour Matthieu de se détacher de sa propre histoire et de celle de sa mère : 

Au début de l’écriture, il y avait une espèce d’allégeance à l’histoire de ma mère, dans laquelle j’ai pesé de tout mon poids. Parce que je me sentais un peu le gardien du temple, je voulais que cette mémoire soit transcrite telle quelle. Mais en fait, au fur et à mesure des écritures, j’ai vu que ce jeu de cartes postales ne marchait pas du tout. 
Un des relecteurs, Jean-Daniel Magnin, ancien directeur littéraire du Rond-Point, m’a dit qu’il avait eu le même problème pour une pièce qu’il avait écrite sur son enfance. Ça n’allait pas ; il était trop plongé dans la réalité qu’il avait vécue. Ça m’a fait beaucoup réfléchir, et je me suis dit : « ça va être un peu douloureux, mais il faut que tu te détaches de ton histoire ». Et ce que je trouve fou, c’est que maintenant je me dis : « ça y est, c’est mon histoire mais ce n’est plus mon histoire ». Ma mère, hier, a eu une bonne formule : « ce n’est pas littéralement ce qui s’est passé, mais c’est exactement ce qu’on a éprouvé ».

Une écriture collective

Cette histoire sensible s’est écrite à huit mains – si l’on fait bien le calcul – progressivement, depuis quatre ans. Séverine évoque les débuts : 

On a commencé par écrire une trame collectivement. On était à chaque fois ensemble pour ces premières séances. Et puis le confinement est arrivé et nous a séparés. De toute manière, c’est très difficile d’écrire à plusieurs. Donc, rapidement, quelqu’un prenait en charge la première version d’une scène, la page blanche, et après c’était relu, débattu et enrichi par tout le monde.

Et Camille d’ajouter : « on peut remercier Google Drive. Il y a 15 ans, cela n’aurait pas été possible. Là, on avait nos documents partagés, où chacun pouvait mettre sa petite touche, souligner des commentaires… ». 

Une fois le confinement terminé, les quatre auteurices ont pris le temps d’une résidence d’écriture pour aboutir à une première version satisfaisante. Et très vite, des extraits de la pièce ont été lus en public, et notamment aux premiers intéressés, les enfants des Lebensborn. Pour Jeanne, cela a été une vraie chance : 

Dès octobre 2021, on a participé avec les quatre interprètes qui vont jouer la pièce à une commémoration des 75 ans de l’arrivée des trains d’enfants à Commercy, dans la Meuse. Le texte a été présenté aux victimes, à leurs amis, à leurs familles, à des associations mémorielles comme l’Office national des combattants et des victimes de guerre (ONACVG). C’était très, très important. Avait-on réussi à être fidèles à leurs ressentis, à leurs histoires qu’on avait fictionnalisées ? On a poursuivi ce processus de présentations ou de relectures suivies de réécritures avec des gens du monde de la culture, avec des historiens. Ces différents points de vue, ces différents retours nous ont permis d’affiner notre écriture à chaque fois.

Lecture publique aux archives départementales de Meurthe-et-Moselle. De gauche à droite : Samuel Debure (Fernand/Klaus), Nadine Darmon (Hortense), Séverine Cojannot (Violette), Florence Cabaret (Lilly/Jacqueline/Angélique). © Compagnie pARTage.

Entourées d’archives

La pièce se déroule comme une enquête, que Violette et sa mère mènent en Allemagne et dans leur passé familial. Dans cette enquête, elles sont entourées d’archives. Tout commence par une lettre retrouvée dans un carton de déménagement. On retrouve ensuite les deux femmes au Service international de recherches de Bad Arolsen, où elles inspectent des documents, sans trop comprendre ce qu’elles lisent. Un peu plus tard, à Indersdorf, elles visitent avec Fernand, un autre ancien enfant des Lebensborn, une exposition sur les enfants déplacés durant la guerre et scrutent des portraits en noir et blanc. Le récit s’appuie sur les documents pour faire avancer les personnages. Il y avait même plus de scènes d’archives dans une version précédente, précise Camille : 

On voulait faire allégeance au réel et au fait que face à une annonce d’adoption, il n’y a que les papiers qui permettent de remonter aux origines. Certains documents d’archives, nous les avons a vraiment eus entre nos mains. C’est pour cela que nous les faisons vivre sur scène. Mais le format de la pièce nous a finalement imposé de raccourcir considérablement la longueur de ces recherches en archives.

Ces documents sont pour la plupart issus des recherches que Matthieu a effectuées pour sa mère. Ce sont souvent des documents administratifs, froids, et pour les auteurices, les mettre en scène permettait aussi de leur donner une épaisseur à travers les émotions que leur lecture susciterait chez les protagonistes. L’adaptation de ces archives dans le cadre de la pièce a toutefois soulevé quelques questions, notamment pour Séverine : 

Dans la scène qui se déroule aux archives de Bad Arolsen, on place un document que Matthieu avait en fait trouvé dans les archives de la Meuse. C’est une liste d’enfants arrivés par train d’Allemagne à Commercy en 1946, pour être adoptés en France. L’archive a été déplacée en Allemagne dans la pièce pour des raisons théâtrales, car on a dû couper la scène aux archives lorraines. Mais est-ce que ce n’est pas une trahison de l’histoire ? Ce n’est pas du tout le même contexte de conservation… En tout cas, c’est ce travail d’adaptation théâtrale qui m’a le plus intéressée : faire le lien entre les éléments véridiques, tirés entre autres des archives, et les parcours sensibles de nos personnages. 

Matthieu insiste : « notre fil directeur, c’était la vraisemblance ». L’objectif est aussi de faire réfléchir le spectateur à ce que l’on peut tirer des traces laissées par les archives. Jeanne prend pour exemple la mise en scène de l’exposition dans laquelle Violette, Hortense et Fernand déambulent à Indersdorf :

La scénographie est faite à base de boîtes en cartons, c’est modulaire. Pour l’exposition, on empile les cartons les uns sur les autres, un peu comme des totems, comme des piliers d’exposition. Des photos imprimées d’enfants sont installées sur les côtés ou nichées dans le creux des cartons, qui sont éclairés de l’intérieur. Depuis sa place, le spectateur voit certains visages d’enfants et pas d’autres. On joue sur l’idée qu’on ne peut pas tout voir, qu’on ne peut pas tout savoir. Chacun construit son propre regard. 
Cette exposition nous permet aussi d’évoquer d’autres destins d’enfants déplacés pendant la guerre, les enfants juifs, rescapés des camps. Une de ces photos sera projetée en grand, c’est la photo d’une petite fille dans laquelle Hortense pense se reconnaître. L’idée c’est de provoquer autant d’espoir chez le spectateur qu’il y en a chez Hortense.

Quêtes d’identité & transmission générationnelle

Cette scène, à Indersdorf, lors de laquelle Hortense se voit dans une photo est particulièrement marquante. Elle ne croit pas se reconnaître ; elle se reconnaît et s’exclame : « c’est moi », « j’en suis sûre », quand bien même sa fille Violette n’y croit pas un instant. Matthieu revient sur la nécessité de cette certitude :

C’est terrible, là : on voit ce qu’il y a d’affreusement égoïste, d’affreusement indifférent à l’histoire dans cet espoir généalogique. La petite fille de la photographie fait partie des enfants orphelins qui ont vécu le massacre de Lidice en 1942, puis ont été intégrés de force aux Lebensborn. Et elle, Hortense, elle veut être cette petite fille-là. Tu veux savoir. Tu veux tellement savoir…

Tous les protagonistes de la pièce sont, chacun à sa manière, bloqués dans cette quête d’identité, dans la recherche angoissée des géniteurs. Toutes et tous portent de lourds tributs. On l’apprend plus loin dans la pièce, le père d’Hortense n’était pas un résistant. Il était de l’autre côté, du côté auquel il est si difficile d’accepter d’être relié. Ce père était un SS. Camille me dit :

On a voulu rendre sensible les questions de transmission générationnelle, consciente ou inconsciente. On a essayé de faire circuler des choses depuis le père SS d’Hortense jusqu’à Violette. Des choses qui n’ont pas forcément été dites. 

Jeanne continue : 

Que dit le fait que le grand-père de Violette a aimé faire de la photographie, des films, et que sa petite-fille naturelle a développé ce même goût ? Est-ce un signe d’hérédité ? Ou est-ce juste dérangeant ? De quoi hérite-t-on de nos parents, de nos grands-parents ? Quelles histoires connaît-on ? Quels tabous familiaux, quels silences nous imprègnent ? Pour nous, l’important a été de poser ces questions, de les explorer, mais pas forcément d’y répondre.

Séverine explique finalement comment les auteurices ont transcrit cette angoisse dans le personnage de Violette : 

Elle a un rapport très complexe à la maternité. Sous le régime nazi, les femmes étaient largement cantonnées au rôle de mère, incitées à rester au foyer, ramenées à leur corps, à une fonction biologique, procréatrice. J’ai imaginé que Violette, aux antipodes de ces conditionnements, par une réaction paradoxale inconsciente, refuse la maternité jusqu’à perdre ses règles, à être en état d’aménorrhée. Ce blocage est inscrit dans son ventre. 

Aujourd’hui, la recherche d’identité de ces enfants de plus de 80 ans n’est plus individuelle, elle est aussi portée collectivement au sein de l’Association pour la mémoire des enfants des Lebensborn. Celle-ci travaille très activement à la reconnaissance du statut de victimes de guerre, en lien avec l’ONACVG. Jeanne y revient : 

 On en parle parfois en débat. Est-ce que les enfants sont responsables des choix de leurs parents ? Ce sont des innocents, et pourtant il existe une tendance à faire peser sur elles et sur eux un doute, à leur supposer une forme de malveillance, parce que ce sont des enfants de soldats SS. Comme si, là aussi, il y avait une transmission, alors que ces nourrissons n’y sont pour rien. Ils ont vécu une petite enfance très difficile, ont été pour certains plusieurs fois déplacés.

Transmettre l’histoire des enfants des Lebensborn

Produite par la compagnie pARTage et par l’Association pour la mémoire des enfants des Lebensborn, Les petits chevaux est donc tout sauf l’adaptation théâtrale d’une anecdote de la Seconde Guerre mondiale. Elle est une pierre de plus, et une pierre importante, dans une démarche de reconnaissance, dans la mise au jour d’une histoire qui a affecté non seulement l’enfance mais la vie entière de plusieurs milliers de personnes en Europe. 

C’est aussi dans ce sens que la compagnie a élaboré cinq ateliers autour de la pièce. L’un de ceux qui suscite le plus l’intérêt s’intitule « Raconte-moi tes parents ». Il propose aux participants et participantes d’explorer leur mémoire familiale, leurs origines. Lorsqu’il est programmé en plusieurs sessions, il les invite à interviewer un proche pour écrire son histoire et inclut un atelier de mise en voix pour une restitution publique. 

De plus, la compagnie a multiplié les lectures/débats dans le milieu scolaire. Pour conclure, Matthieu évoque celle qui a été organisée la veille de notre entretien, au Collège Jules-Michelet à Creil (Oise), devant un public de jeunes en difficulté :

La réaction a été dingue. Il y a un jeune qui a pris la parole pour dire à ma mère : « vous savez, vous pouvez être fière de vous parce que vous avez vécu de grandes difficultés et malgré cela, vous avez pu construire quelque chose ». Et c’est ce que je veux retenir dans cette histoire. C’est qu’au fond tout est possible. C’est parti avec des cartes qui étaient pourries ; avec ce choc psychologique aussi, d’apprendre que vous étiez faite pour être une nazie. Il y a eu un dépassement, et les enfants, les adolescents sont très sensibles à cela. D’autant que ces jeunes-là, hier, certains et certaines ont vécu des choses plus dures encore. Les entendre dire : « super, la pièce », c’est quelque chose de fort. 


Informations & réservations : https://www.reineblanche.com/calendrier/theatre/les-petits-chevaux-une-histoire-d-enfants-des-lebensborn

Compagnie pARTage : http://www.compagniepartage.fr

Publié le 6 février 2024
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