De la photographie au cinématographe
Chaque semaine, Entre-Temps accompagne la diffusion du dernier numéro de « Faire l'histoire », le nouveau magazine d'Arte qui raconte l'histoire à partir des objets. L'historien·ne présent·e à l'écran exhume un article, des images, une vidéo pour prolonger l'épisode, plus loin, ou ailleurs. Cette semaine, Adrien Genoudet prolonge son histoire de l'autochrome en proposant une mise en perspective qui revient sur l'histoire de sa projection et de sa présentation.
En 1904, les frères Lumières inventent l’autochrome, qui permet de fixer les images en couleur sur des plaques de verre, grâce à la fécule de pomme de terre. L’histoire de cette invention est à la fois une histoire technique et industrielle mais également une histoire de l’émerveillement, de ce que cela fait de voir le monde reproduit en couleur.
Quelques années plus tard, l’explorateur photographe Jules Gervais-Courtellemont développe le principe de la projection conférence pour diffuser les autochromes qu’il rapporte de ses voyages à travers le bassin méditerranéen. Il s’associe, dès 1908, avec les frères Laffitte pour proposer, salle Charras, à Paris, des représentations quotidiennes de ses Visions d’Orient. C’est le sujet d’un article intitulé « Jules Gervais-Courtellemont à la Salle Charras. De la photographie au cinématographe » écrit par Emmanuelle Devos pour 1895. Revue de l’association française de recherche sur l’histoire du cinéma, en 2008.
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Si la presse débat avec ardeur de l’initiative artistique du Film d’Art au lendemain de sa « première », chacun aura remarqué les éloges unanimes faits aux projections de photographies en couleurs naturelles du « maître artiste Gervais-Courtellemont » !
En effet, lors de la séance inaugurale du mardi 17 novembre 1908, entre le ballet filmé le Secret de Myrto et le poème inédit d’Edmond Rostand le Bois sacré, sont présentées les Visions d’Orient, série d’autochromes de Gervais-Courtellemont, fruit de deux récents périples en Égypte, Turquie, Syrie…
La présence du photographe autochromiste Jules Gervais-Courtellemont au programme des représentations du Film d’Art n’est pas sans soulever quelques questions quant à son implication dans l’entreprise menée par les frères Laffitte. Aussi à travers quelques éléments apportés par la presse, et surtout grâce à la correspondance de son épouse Hélène, témoin privilégié des activités du photographe, nous tenterons de mettre à jour les points forts de cette relation.
Lire la suite dans la revue 1895. Revue de l’association française de recherche sur l’histoire du cinéma.
Découvrir aussi « Pourquoi faire l’histoire de l’autochrome », l’entretien donné par Adrien Genoudet au magazine L’Histoire.