Un "effet d'estrangement" : à propos de l'oeuvre de Sylvain Pattieu
Sylvain Pattieu, maître de conférences en histoire et enseignant dans le master de création littéraire à l’Université Paris 8-Saint-Denis, était l'invité de l'émission "Matières à penser" le mois dernier, pour y parler de son dernier ouvrage, "Forêt-Furieuse", qui dépeint le quotidien d'enfants rescapés dans une ambiance post-apocalyptique. Il y est aussi question de son métier d'historien et d'écrivain.
Dans Forêt-Furieuse, des enfants rescapés d’une guerre sont, à une époque indéterminée, abrités dans une institution en lisière d’une forêt. Plus habitués à la menace qu’à la tendresse, ils reproduisent entre eux la violence qu’ils ont connue. Alors que les plaies de la guerre commencent à se panser, la terreur les rattrape quand le village proche est attaqué par des ogres aux grands couteaux.
Invité de l’émission « Matières à penser » sur France Culture, Sylvain Pattieu y a parlé de ce dernier ouvrage, de ce qui l’a inspiré, mais aussi plus largement de sa « double casquette » d’historien et d’écrivain. De ce qui, dans la matière historique comme dans sa propre démarche, distingue et entremêle à la fois ses deux activités.
« Les archives que je mets dans mon roman, elles n’ont plus le même statut. Elles n’ont plus un statut argumentatif, elles ont un statut poétique. Ce sont des archives que je trouve belles en tant que telles, et que je mets pour faire un effet d’ »estrangement », comme dirait Carlo Ginzburg, qui est cet historien italien dont j’apprécie beaucoup les livres, et qui parle de l’art comme « estrangement », qui permet que la société qu’on connaît paraisse comme étrangère. En fait, c’est à ça que servent les archives dans mon roman. J’utilise le même matériau, mais je n’en fais pas le même usage. »
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Ecouter le podcast de l’émission sur le site de France Culture.